LA FRANCE PITTORESQUE
15 décembre 1650 : Turenne
est battu à Rhetel
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Publié le vendredi 14 décembre 2012, par Redaction
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Les princes — le prince de Condé, le prince de Conti et le duc de Longueville, avaient été arrêtés le 18 janvier 1650, par ordre de la reine régente, ou plutôt du cardinal Mazarin, à cause des troubles qu’on les accusait d’exciter dans l’Etat — ayant été arrêtés en 1650, Turenne, à qui l’amour fit commettre deux fautes dans sa vie, Turenne, que l’amour rendit indiscret et rebelle, s’avança pour les délivrer. Le maréchal du Plessis-Praslin parut seul digne de lui être opposé ; il eut l’honneur de le vaincre à la bataille de Rethel.

Henri de la Tour d'Auvergne, vicomte de Turenne

Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne

Certaines proportions disparaissent aux yeux de la postérité : le grand nom de Turenne a tellement effacé les plus grands noms, que les gens médiocrement instruits des détails de notre histoire, regardent celte victoire de du Plessis-Praslin sur Turenne, comme une espèce de phénomène, fruit d’un hasard heureux, et n’en supposent pas moins le vaincu très supérieur au vainqueur ; mais alors on trouvait ces rivaux dignes l’un de l’autre, et la victoire de Rethel parut un événement ordinaire.

La bataille perdue, Turenne se voyant hors d’état de penser à autre chose qu’à sauver sa personne, monta sur un cheval blessé, et suivi seulement de la Barge, lieutenant de ses gardes, dont le cheval l’était aussi. Après avoir marché un peu de temps, ils virent cinq cavaliers venir à eux à toute bride. La Barge dit au vicomte : « Je n’ai qu’un pistolet à tirer, et vous avez tiré les vôtres ; que voulez vous faire ? — Mourir, la Barge, plutôt que de retourner en France servir de spectacle. » Alors ils furent abordés par deux de ces cavaliers, qui devançaient un peu les trois autres.

La Barge marcha vers le premier, et le tua de son pistolet ; l’autre, ayant joint le vicomte, lui dit : « Bon quartier, M. deTurenne » ; mais celui-ci le perça d’un coup d’épée en disant : « Je ne suis pas Turenne. » Des trois cavaliers qui restaient, l’un, qui paraissait être officier, lui tira un coup de pistolet qui le manqua : les deux autres se retirèrent, soit qu’ils fussent épouvantés de la mort de leurs camarades, soit que le destin de la France voulût réserver Turenne pour les grands services qu’il devait lui rendre.

C’est à l’occasion de cette bataille que Turenne fit cette réponse si belle et si simple à un homme de la cour qui avait l’indiscrétion de lui demander comment il l’avait perdue : « Par ma faute, dit le maréchal. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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