LA FRANCE PITTORESQUE
14 décembre 1708 : première représentation d’Electre, tragédie de Crébillon
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Publié le jeudi 13 décembre 2012, par Redaction
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Ce sujet traité par Sophocle, l’a souvent été parmi nous. Dès 1537, Baïf prétendait avoir traduit la pièce du poète grec, ligne pour ligne, vers pour vers, en rimes françaises. Pradon a aussi fait une Electre à sa manière ; et depuis Crébillon, ce sujet a été remanié, jusqu’à trois fois : d’abord par Longepierre, avec peu de succès ; par le baron de Valef, dont la pièce ne fut pas jouée ; et enfin par Voltaire, sous le titre d’Oreste.

Toutes ces Electres sont plus ou moins inférieures à celle de Sophocle, les uns ayant suivi trop scrupuleusement la marche du poète grec, les autres s’en étant trop écartés. « Si j’avais quelque chose à imiter de Sophocle, dit un peu lestement Crébillon, ce ne serait pas son Electre. » Quand Sophocle ne lui aurait appris qu’à ne pas défigurer ce beau sujet par l’épisode froid et inutile du double amour des deux enfants d’Agamemnon et des deux enfants d’Egisthe, cela aurait été beaucoup.

« On a surtout condamné, dit judicieusement Voltaire, la partie carrée d’Electre avec Itis, fils de Thyeste, et d’Iphianasse avec Tydée, qui est enfin reconnu pour Oreste, Ces amours sont d’autant plus condamnables, qu’ils ne servent en rien à la catastrophe. On ne parle d’amour dans cette pièce, que pour en parler. C’est une grande faute, il faut l’avouer, d’avoir rendu amoureuse celle Electre, âgée de quarante ans, dont le nom même signifie sans faiblesse, et qui est représentée dans toute l’antiquité, comme n’ayant jamais eu d’autre sentiment que celui de la vengeance de son père. Il y a de belles tirades dans l’Electre. On souhaiterait, en général, que la diction fût moins vicieuse, le dialogue mieux fait, les pensées plus vraies. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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