LA FRANCE PITTORESQUE
10 décembre 1710 : bataille de Villaviciosa
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Publié le dimanche 9 décembre 2012, par Redaction
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Après la perte de la bataille de Saragosse, gagnée par le comte Stahremberg — Stahremberg était le général de l’archiduc Charles , compétiteur de Philippe V au trône d’Espagne —, contre les troupes de Philippe V, ce prince s’était vu obligé de quitter Madrid pour la seconde fois. Il était alors d’autant plus malheureux, que Louis XIV, son aïeul, avait retiré ses troupes d’Espagne, pour défendre ses propres Etats.

Dans cette extrémité, le conseil du roi d’Espagne, et la plupart des grands écrivirent en corps à Louis XIV, et lui demandèrent que, pour dédommagement des secours dont il les privait, il leur envoyât le duc de Vendôme. Ce prince, retiré dans Anet, partit alors, et sa présence valut une armée. La grande réputation qu’il s’était faite en Italie, et que la malheureuse campagne de Lille n’avait pu lui faire perdre, frappait les Espagnols. Sa popularité, sa libéralité qui allait jusqu’à la profusion, sa franchise, son amour pour les soldats, lui gagnaient les cœurs.

Dès qu’il mit les pieds en Espagne, il lui arriva ce qui était arrivé autrefois à Bertrand du Guesclin. Son nom seul attira une foule de volontaires. Il n’avait point d’argent : les communautés des villes, des villages et des religieux en donnèrent. Un esprit d’enthousiasme saisit la nation. Les débris de la bataille de Saragosse se rejoignirent sous lui à Valladolid ; tout s’empressa de fournir des recrues. Le duc de Vendôme, sans laisser ralentir un moment cette nouvelle ardeur, poursuit les vainqueurs, ramène le roi à Madrid, oblige l’ennemi de se retirer vers le Portugal, le suit, passe le Tage à la nage, fait prisonnier, dans Brihuega, Stanhope, avec cinq mille Anglais ; atteint le général Stahremberg, et le lendemain lui livre la bataille de Villaviciosa.

Philippe V, qui n’avait point encore combattu avec ses autres généraux, animé de l’esprit du duc de Vendôme, se met à la tête de l’aile droite ; le général prend la gauche ; il remporte une victoire entière, de sorte qu’en quatre mois de temps, ce prince, qui était arrivé quand tout était désespéré, rétablit tout, et affermit pour jamais la couronne d’Espagne sur la tête de Philippe.

On sait qu’après la bataille, Philippe V n’ayant point de lit, le duc de Vendôme lui dit : Sire, je vais vous faire donner le plus beau lit sur lequel souverain ait jamais couché ; et il fit faire un matelas des étendards et des drapeaux pris sur les ennemis.

Vendôme eut pour prix de sa victoire, les honneurs de prince du sang. Philippe lui dit : « Je vous dois la couronne. » Vendôme qui avait beaucoup de. jaloux, quoiqu’il ne le fût de personne, répondit : « Sire, Votre Majesté a vaincu ses ennemis ; j’ai vaincu les miens. »

Louis XIV, à la nouvelle de cette victoire, s’écria : « Voilà ce que c’est qu’un homme de plus ! » faisant allusion à ce qu’une grande princesse avait dit un peu dédaigneusement, en voyant partir Vendôme : « Ce sera un homme de plus. »

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