LA FRANCE PITTORESQUE
8 décembre 1565 : mort du pape Pie IV
()
Publié le vendredi 7 décembre 2012, par Redaction
Imprimer cet article

Pie IV fut successeur de Paul IV ; il signala les commencements de son pontificat par de grands actes de rigueur envers la famille de son prédécesseur. Il fit étrangler au château Saint-Ange le cardinal Caraffe, neveu de Paul IV, et trancher la tête au prince de Palliano, son frère. Paviani déclare avoir ouï dire de la bouche de Pie IV, qu’il s’était porté malgré lui à cette sévérité outrée, pour ne pas dire barbare, mais qu’il l’avait crue nécessaire pour servir d’exemple, et apprendre aux neveux des papes futurs à ne pas abuser de leur faveur et de leur autorité.

Ce fut sous le pontificat de Pie IV que fut terminé le concile de Trente. Le pape en confirma tous les décrets par sa bulle du 26 janvier 1563. La France rejeta le concile dans la discipline qu’il établit. Les rois d’Espagne le reçurent dans tous leurs Etats avec le plus grand respect et les plus grandes modifications, mais secrètement et sans éclat. Venise imita l’Espagne. Les catholiques d’Allemagne demandèrent encore l’usage de la coupe et le mariage des prêtres ; Pie IV accorda la communion sous les deux espèces à l’empereur Maximilien II et à l’archevêque de Mayence ; mais il fut inflexible sur le célibat des prêtres.

L’histoire des papes en donne pour raison que Pie IV, étant délivré du concile, n’en avait plus rien à craindre ; « de là vient, ajoute l’auteur, que ce pape, qui violait les lois divines et humaines, faisait le scrupuleux sur le célibat ». Il est très faux que Pie IV violât les lois divines et humaines ; et il est très évident qu’en maintenant le célibat sacerdotal, il se conformait à une ancienne opinion devenue une loi de l’Eglise.

C’est lui qui établit la compagnie des cent arquebusiers qui veillent à la garde du palais pontifical. Voici quelle en fut l’occasion : Benoît Accolti, fils du feu cardinal Accolti, le comte Antoine Canossa, Taddée Manfredi, Pellicioni, et quelques autres illuminés, s’imaginèrent avoir eu connaissance, par des révélations célestes, que le successeur de Pie IV serait le monarque de l’univers, et qu’il établirait partout la seule religion catholique. Afin de hâter cet événement, ils concertèrent l’assassinat du pape. Le jour marqué pour l’exécution, Accolti se présente dans sa chambre, ayant un poignard dans sa manche ; mais une frayeur subite arrête sa main.

Ce coup manqué jette le trouble parmi les conjurés. Pellicioni, pour mettre sa vie en sûreté, s’en va tout révéler : Accolti et ses complices sont arrêtés. On les applique à la question, on les interroge séparément : la seule parole qu’on put leur arracher, c’est qu’ils n’avaient rien fait que de concert avec les anges (ce n’était pas assurément ceux du paradis). On vit même Accolti rire avec persévérance au milieu des flammes ; ce qui montrait, dit Muratori, un cerveau blessé, qu’on aurait dû envoyer plutôt aux Petites-Maisons qu’au bûcher.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE