LA FRANCE PITTORESQUE
7 décembre 1726 : mort de l’acteur
Florent Carton dit Dancourt
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Publié le mercredi 5 décembre 2012, par Redaction
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Florent-Carton Dancourt état né, ainsi qu’on l’a remarqué, le même jour que le grand dauphin, et à Fontainebleau comme lui, le 1er novembre 1661. Le père de la Rue, jésuite, sous lequel il fit ses études, voulut procurer à la société ce jeune homme, dont la vivacité et la pénétration promettaient beaucoup ; mais l’éloignement du disciple pour le cloître rendit inutiles tous les soins du maître. Dancourt aima mieux se livrer au barreau, qu’il abandonna bientôt pour le théâtre.

Il fut non seulement grand acteur, surtout dans les rôles de jaloux, de financier, d’hypocrite, et dans celui du Misanthrope, mais encore auteur distingué. Ce que Regnard était à l’égard de Molière dans la haute comédie, Dancourt l’était dans la farce. On l’a appelé très bon peintre de la très mauvaise compagnie. Son dialogue est vif, gai, naturel, piquant ; il peut corriger beaucoup de vices et de ridicules bourgeois. Mais il arrive trop souvent chez lui, comme chez Molière, chez Regnard, et chez tous les auteurs anciens et modernes, que les rieurs sont pour les fripons contre les sots : c’est que les auteurs songent d’abord à plaire, et ne s’occupent de la moralité que quand elle devient un nouveau moyen de plaire.

Le talent singulier qu’il avait de faire parler les paysans, les lui fit mettre souvent en jeu : aussi a-t-on dit qu’il était plus souvent au village qu’à la ville, et au moulin qu’au village. La quantité de pièces qu’on a faites dans ce genre est immense ; elles sont plus du goût du peuple que des esprits délicats ; mais l’amusement est un des besoins de l’homme, et cette espèce de comédie, aisée à représenter, plaît dans Paris et dans les provinces, au grand nombre, qui n’est pas susceptible de plaisirs plus relevés.

Les agréments de son esprit et de sa société le firent rechercher par ce qu’il y avait de plus distingué et de plus aimable à la cour et à la ville. Louis XIV l’aimait. Lorsque ce prince devait assister à la comédie, Dancourt allait lui lire ses ouvrages dans son cabinet, où Mme de Montespan seule était admise. Un jour le poète paraissant incommodé du grand feu qu’il y avait, le roi courut lui-même ouvrir la fenêtre pour donner un peu d’air. Dans l’espace de trente ans, Dancourt donna au Théâtre Français plus de cinquante comédies. Le Chevalier à la Mode, les Bourgeoises de qualité, les Vendanges de Surêne, l’Eté des Coquettes, les Vacances, le Mari retrouvé, et les Trois Cousines, sont restés au théâtre.

Dancourt, doué d’une grande facilité d’élocution, était toujours l’orateur des comédiens lorsqu’il s’élevait quelque tumulte dans le parterre. Dégoûté du théâtre, il le quitta à cinquante-sept ans, pour se retirer dans la terre de Courcelles-le-Roi, qui lui appartenait. On dit que, dans cette retraite, il traduisit en vers les Psaumes de David, et composa une tragédie sainte : ces ouvrages n’ont point été imprimés.

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