LA FRANCE PITTORESQUE
7 décembre 1792 : mort de la comédienne
et romancière Marie-Jeanne Riccoboni
(D’après « Biographie universelle ancienne et moderne » (Tome 35) édition de 1854,
« Œuvres de madame Riccoboni précédées d’une notice et d’observations
sur ses écrits » (par La Harpe, Grimm et Diderot) édition de 1826
et « Œuvres complètes de madame Riccoboni avec une notice sur la vie
et les ouvrages de l’auteur » édition de 1818)
Publié le mercredi 7 décembre 2022, par Redaction
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Si la lecture développa très tôt son esprit, éclairant son goût et réglant son imagination, ce n’est pourtant qu’à l’âge de 43 ans, déjà mûrie par des études bien dirigées et par une connaissance plus approfondie des mœurs de la société, qu’elle parut dans la carrière des lettres et s’y distingua, après avoir embrassé, par seule nécessité, le milieu du théâtre qui ne lui avait apporté que déconvenues et tracasseries
 

Marie-Jeanne Laboras de Mézières, plus connue sous le nom de Riccoboni, naquit à Paris le 25 octobre 1713 d’une famille originaire d’une Béarn, celle dont les parents, quoique ruinés par la chute du système de Law lui cultivèrent ses talents naturels avec un soin particulier, fut l’une des dames les plus spirituelles de son siècle, contractant de bonne heure l’habitude du travail et de la retraite et formant son esprit et son goût par la lecture de nos chefs-d’œuvre littéraires.

Ayant eu le malheur de perdre jeune son père et sa mère, elle alla demeurer avec une tante, qui la laissa maîtresse de suivre son inclination. Parvenue à la vingtième année, elle crut s’assurer une existence indépendante en prenant la carrière du théâtre. Loin de présager les nouveaux chagrins qu’elle se préparait, et déterminée par les suffrages qu’elle avait obtenus en jouant la comédie dans les sociétés, elle débuta aux Italiens, dans le rôle de Lucile de la Surprise de l’amour, pièce de Marivaux aujourd’hui oubliée, mais elle y eut assez peu de succès.

Marie-Jeanne Riccoboni. Gravure extraite des Œuvres de madame Riccoboni précédées d'une notice et d'observations sur ses écrits (par La Harpe, Grimm et Diderot), édition de 1826
Marie-Jeanne Riccoboni. Gravure extraite des Œuvres de madame Riccoboni précédées
d’une notice et d’observations sur ses écrits
(par La Harpe, Grimm et Diderot), édition de 1826

Si Voltaire a écrit qu’il fallait avoir plus ou moins le diable au corps pour exceller dans le théâtre, mademoiselle de Mézières n’avait pas reçu en partage ce don surnaturel : la débutante était grande, sa taille était bien prise, mais elle avait quelque chose de raide et de guindé dans sa démarche. Sa physionomie, si vive, si enjouée dans un salon, devenait calme et froide à la scène. Elle avait un accent doux, une prononciation parfaite ; elle saisissait, avec toute l’intelligence qu’on devait attendre d’elle, l’esprit de son personnage ; mais la verve, la chaleur qui donne l’expression aux moindres paroles, qui vivifie le geste, lui manquaient ; elle ne s’identifiait pas avec son rôle : c’était l’actrice que l’on voyait, l’art ne suffisait pas à faire illusion.

Malgré les avantages extérieurs dont elle était douée, bien que supérieure aux autres acteurs par ses connaissances et par son esprit, mademoiselle de Mézières ne s’éleva point au premier rang ; le public l’accueillit avec indifférence ; elle fut jugée actrice monotone, c’est-à-dire médiocre. C’était plutôt par nécessité que par suite de dispositions naturelles qu’elle avait embrassé la carrière dramatique. La comédie était pour elle un métier, dont elle remplissait les devoirs avec exactitude, mais avec un dégoût qu’il ne lui fut pas possible de surmonter, ne recevant pas les applaudissements qui embellissent cette profession, ces encouragements qui électrisent le talent. Elle écrira plus tard qu’elle n’avait pas l’art de se contraindre et qu’elle devenait tout à fait imbécile quand on l’ennuyait : il faut croire que le public ne l’amusait pas.

À l’âge de 21 ans elle épousa Antoine-François Riccoboni, acteur également et l’un de ses camarades au théâtre. Elle entrait dans une famille qui, par la culture des lettres, s’élevait au-dessus de la classe ordinaire des comédiens, et dont les mœurs n’étaient point celles que l’on a trop souvent eu à reprocher aux gens de cette profession. Louis Riccoboni, son beau-père, après avoir joué sur plusieurs théâtres d’Italie, était venu en France en 1717, et avait débuté aux Italiens sous le nom de Lélio. Il avait composé seul plusieurs pièces et quelques autres en société avec le célèbre Dominique, avait quitté le théâtre en 1729 par principe de religion, et publié successivement, sur l’art dramatique, plusieurs écrits remarquables. Sa femme, qui était également italienne, l’avait accompagné en France, quittant l’Italie où elle jouissait d’une fort grande réputation, non seulement comme comédienne, mais comme improvisatrice, ayant été admise dans les académies de Rome, de Ferrare, de Bologne et de Venise.

Antoine-François, leur fils, avait débuté aux Italiens en 1726, par un rôle de cette même pièce de la Surprise de l’Amour, dans laquelle Marie-Jeanne de Mazières devait débuter huit années plus tard. Il avait quitté le théâtre en 1729, en même temps que son père, mais le goût des plaisirs et de la dissipation l’y avait fait rentrer peu de temps après. Il jouait les rôles d’amoureux avec prétention et très froidement, mais comme auteur il jouit d’une certaine réputation, les pièces qu’il donna aux Italiens, en très grand nombre, ayant presque toutes réussi dans le temps.

Histoire du marquis de Cressy (1758). Gravure réalisée d'après un dessin de G. Staal et extraite d'une édition de 1865 des Œuvres de madame Riccoboni
Histoire du marquis de Cressy (1758). Gravure réalisée d’après un dessin
de G. Staal et extraite d’une édition de 1865 des Œuvres de madame Riccoboni

Les premières années du mariage de Marie-Jeanne Riccoboni furent assez heureuses. L’attachement de son mari la dédommageait des contrariétés qu’elle éprouvait au théâtre ; mais bientôt elle eut à supporter les tourments de la jalousie. Quelques froids égards ne la consolaient pas des infidélités nombreuses d’un homme qu’elle aimait véritablement. Antoine-François Riccoboni, qui savait néanmoins apprécier la délicatesse du goût de sa femme, la consultait sur tous les ouvrages qu’il composait, et elle ne fut point étrangère à ses succès. C’est pour cette raison, sans doute, qu’il crut devoir faire imprimer, sous le nom de madame Riccoboni, plusieurs de ses comédies. Il était loin de soupçonner alors que la réputation de sa femme survivrait à la sienne, et qu’elle occuperait un rang distingué dans notre littérature.

Marie-Jeanne ne le soupçonnait pas elle-même ; les rôles dont elle était chargée faisaient encore sa principale occupation ; mais les tracasseries de ses camarades ajoutaient encore à l’ennui qu’elle éprouvait et augmentaient chaque jour sa répugnance pour le théâtre, où elle ne restait que par nécessité. Cependant, forte de la conscience de son talent, encouragée par l’exemple des gens de lettres qui l’entouraient, elle prit la plume, devenant auteur pour se distraire de ses chagrins.

Elle avait conservé la correspondance qu’elle avait eue autrefois avec cet Anglais qui le premier avait touché son cœur. Vingt-quatre ans s’étaient écoulés depuis ce cruel épisode de sa vie lorsqu’elle eut la singulière idée, en 1757, à l’âge de 43 ans, de retoucher cette correspondance et de la publier, comme traduite de l’anglais. Dans une première lettre qui sert de préface, et qui n’est adressée qu’à un seul lecteur, on voit que, malgré le temps écoulé, son ressentiment n’a rien perdu de son énergie : il éclate dans toute sa force contre l’homme qui l’a trompée. Elle se fait une maligne joie de remettre sous les yeux de l’infidèle le bonheur dont il a joui, l’ingratitude dont il a payé tant d’amour ; elle se plaît à faire briller les charmes d’un esprit qu’il a dédaigné ; elle ne néglige rien pour exciter en lui des remords, ou du moins des regrets.

La correspondance fut donc relue et retouchée, les noms des personnages et le lieu de la scène changés, plusieurs lettres intermédiaires supprimées : les Lettres de Fanny Butler à Milord Charles Alfred, comte d’Erford, furent son premier ouvrage. Mais cette correspondance, qui devait être singulièrement piquante pour celui auquel elle était adressée, fut diversement jugée par le public. Le rédacteur de L’Année littéraire n’y vit qu’une imitation servile des Lettres de la marquise de M*** au comte de R*** (1732) de Crébillon fils, ouvrage qui était alors fort en vogue. Il n’hésita pas à ranger l’auteur dans la classe subalterne des copistes, jugement assez curieux si l’on considère qu’il est porté sur des lettres véritables écrites longtemps avant que Crébillon publiât celle de la marquise de M***. Passant à l’examen de l’ouvrage, Fréron le traite avec une extrême sévérité.

Malgré l’extrême sévérité des critiques, ce roman connut le grand succès qu’il méritait. Le sentiments, quoiqu’ils aient une teinte romanesque un peu trop prononcée, ne manquent pas de vérité ; la passion y est peinte d’une manière originale, vie et forte, mais sans exagération ; les détails sont délicieux. Si l’on peut reprocher au style d’être en général trop coupé, et d’offrir quelques tournures trop familières, on doit avouer aussi qu’il est rapide, animé, facile, qu’il entraîne le lecteur et lui permet d’apercevoir les imperfections.

Histoire d'Ernestine (1762). Gravure extraite du Tome 5 des Œuvres complètes de madame Riccoboni, nouvelle édition revue et augmentée par l'auteur, paru en 1786
Histoire d’Ernestine (1762). Gravure extraite du Tome 5 des Œuvres complètes
de madame Riccoboni, nouvelle édition revue et augmentée par l’auteur
, paru en 1786

L’Histoire du marquis de Cressy, que Marie-Jeanne Riccoboni publia l’année suivante, également comme une traduction de l’anglais, fut encore mieux accueillie. La pureté du style, la finesse des réflexions et le charme des détails, qu’elle rend avec le même bonheur qu’elle les imagine, en font un livre très remarquable. Dans la même année, elle fit paraître les Lettres de Juliette Catesby, que plusieurs critiques mettent au-dessus du Marquis de Cressy, pour le choix du sujet, l’intérêt et le style. Cet ouvrage suffirait pour assurer à l’auteur une place distinguée parmi les meilleurs romanciers du XVIIIe siècle.

Marie-Jeanne Riccoboni ne publia aucun ouvrage en 1759 et en 1760. En 1761, elle obtint une pension médiocre de la Cour, et quitta le théâtre. La pension étant modique, elle dut chercher des ressources dans son talent pour écrire, qu’elle n’avait cultivé jusqu’alors que par délassement. Elle composa pour un journal divers fragments, auxquels elle donna le titre de L’Abeille. On y retrouve toutes les grâces de son style, mais le fond est si léger qu’il échappe à l’analyse. Le premier morceau mérite cependant de fixer l’attention, car Marie-Jeanne y parle beaucoup d’elle, de la manière dont elle travaille, des sujets qu’elle se propose de traiter, et que l’on y voit l’esprit qui la dirige dans ses compositions.

Elle commence, suivant la mode du temps, par faire son portrait : pour tout ce qui tient au physique, il est probable qu’elle a écrit de mémoire, car elle avait alors 47 ans, et le portrait est celui d’une femme jeune et jolie. Pour le surplus, voici les traits les plus remarquables : « Ma physionomie annonce la candeur, mes procédés ne l’ont point encore démentie ; en parlant à une personne que j’aime, j’ai l’air vif et gai, très froid avec les étrangers, je traite durement ceux que je méprise, et je n’ai rien à dire à ceux que je ne connais pas... Une vie simple, même uniforme me procure une santé parfaite ; des chagrins réels, un long et triste assujettissement n’ont jamais pu l’altérer. Mon humeur est inégale : elle dépend de la situation de mon âme ; tous mes sentiments se peignent sur mon front ; en m’abordant, on lit dans mes yeux si le sérieux ou l’enjouement présidera à ma conversation. J’ai des amis, j’en ai peu ; s’il m’était possible d’en cultiver beaucoup, je n’en pourrais chérir qu’un petit nombre. L’esprit m’amuse sans me séduire, mais les qualités du cœur m’intéressent, m’attachent et me plaisent dans tous les temps. Je ne suis pas riche, mais la modération m’a toujours paru capable de suppléer à l’opulence ; j’ai même pris l’habitude de ne pas me croire pauvre, en me comparant à ceux qui jouissent d’une grande fortune, parce que je n’ai pas leurs désirs et me passe de mille choses sans m’en priver. »

« On me demandera peut-être pourquoi j’écris, dit-elle plus loin, quel est mon dessein, quel avantage tirera la société du caprice qui me fait auteur. Je ne répondrai point à ces questions : en rendant un compte exact de mes motifs, ma sincérité me nuirait ; des lecteurs mal intentionnés ne m’accorderaient jamais d’avoir rempli mon projet ; ils me dégoûteraient par leurs contradictions ; ils me donneraient de l’aigreur, et me rendraient à ma paresse naturelle. Je n’annonce rien, je ne promets rien, je me contenterai de justifier mon titre (L’Abeille) par la variété de mes sujets ».

Elle annonce l’intention d’exclure de ses feuilles les éloges, la critique et surtout la malignité ; son plus grand soin sera de ne désobliger personne. Le genre qu’elle choisit n’est pas neuf, mais elle trouve plus honnête d’imiter de bons modèles que d’inventer des fables mal tissées, de badiner sans goût, ou de déclamer avec humeur contre des mœurs que beaucoup d’écrivains blâment sans les connaître.

Marie-Jeanne Riccoboni. Gravure d'Edme Bovinet (1767-1843)
Marie-Jeanne Riccoboni. Gravure d’Edme Bovinet (1767-1843)

Saint-Foix, soutenant un jour devant elle que le style de Marivaux était inimitable, lui fournit l’occasion de montrer toute la flexibilité de son esprit. Restée seule, Marie-Jeanne Riccoboni se mit à étudier Marianne, et en composa la suite, en imitant si bien les formes de son modèle, que Saint-Foix fut persuadé qu’on avait dérobé le manuscrit de Marivaux et qu’il ne put être désabusé que par le témoignage de l’auteur lui-même.

Pressée par les libraires, elle ne tira pas du joli sujet d’Ernestine tout le parti dont il était susceptible. Cependant La Harpe regarde ce petit roman comme le diamant de madame Riccoboni. La traduction ou plutôt l’imitation libre de l’Amélie de Fielding parut en 1762. Si l’on en croit Marie-Jeanne, c’était le résultat de l’étude qu’elle venait de faire de l’anglais, avec le secours d’une grammaire et d’un dictionnaire. Les retranchements qu’elle avait fait éprouver au roman de Fileding excitèrent les plaintes des enthousiastes de la littérature anglaise. Grimm lui-même, l’un des plus grands admirateurs du talent de Marie-Jeanne Riccoboni, ne put lui pardonner d’avoir gâté le roman d’Amélie.

L’Histoire de miss Jenny, publiée en 1764, est, de tous ses ouvrages, celui qui lui coûta le plus de temps. Elle se repentit souvent d’avoir entrepris de donner de si grands développements à cette production. « L’étendue de mon esprit, dit-elle, se borne sans doute à un seul volume. » Malgré quelques défauts et le vice de dénouement, dont elle convenait, ce livre eut un succès mérité.

Les Lettres de la comtesse de Sancerre, qui parurent en 1766, ne furent pas aussi bien accueillies. Cependant, si l’idée principale de cette composition n’est pas heureuse, on ne peut s’empêcher de rendre justice au mérite de l’exécution.

L’avidité des imprimeurs étrangers privait Marie-Jeanne Riccoboni du fruit qu’elle était en droit d’attendre de son travail. Soit découragement, soit, comme elle le dit, paresse naturelle, elle laissa passer plusieurs années sans publier de nouveaux romans. Dans l’intervalle, elle essaya d’arranger pour le Théâtre-Italien le Mariage clandestin (1766), comédie que le dramaturge anglais David Garrick (1717-1779) lui avait dédiée. La chute de cette pièce la dégoûta du théâtre. Elle traduisit encore cinq pièces de l’anglais, en les retouchant ; mais elle ne les fit pas représenter.

L’âge n’affaiblissait ni sa sensibilité ni son imagination. Les Lettres de Sophie de Vallière, qu’elle publia en 1771, eurent, malgré quelques longueurs, un très grand succès, dont elles furent redevables aux agréments de style et à des détails pleins de délicatesse.

Les Lettres de milord Rivers, qui parurent en 1776, sont moins un roman qu’une espèce de cadre dans lequel Marie-Jeanne Riccoboni passe en revue les travers et les ridicules de l’époque ; elle ose y aborder aussi différentes questions de morale et de philosophie, qui sont traitées pour ainsi dire en badinant, avec infiniment d’esprit. « On arrive, dit La Harpe, au bout du livre sans être bien ému, mais toujours en s’amusant. »

C’est la dernière production de quelque étendue de Marie-Jeanne Riccoboni. Dès lors elle se contenta d’enrichir la Bibliothèque des romans de plusieurs nouvelles fort agréables, dont elle avait inventé les sujets, ce qui répond au reproche que lui ont fait quelques critiques d’avoir manqué d’imagination.

Lettres d'Adélaïde de Dammartin, comtesse de Sancerre, à Monsieur le comte de Nancé, son ami (1767). Gravure extraite du Tome 6 des Œuvres complètes de madame Riccoboni, nouvelle édition revue et augmentée par l'auteur, paru en 1786
Lettres d’Adélaïde de Dammartin, comtesse de Sancerre, à Monsieur le comte de Nancé,
son ami
(1767). Gravure extraite du Tome 6 des Œuvres complètes de madame Riccoboni,
nouvelle édition revue et augmentée par l’auteur
, paru en 1786

Supérieure à la mauvaise fortune, elle la supportait sans s’en apercevoir, par l’habitude des privations. Son sort recevait quelque adoucissement de l’amitié de mademoiselle Biancolelli, ancienne actrice, de la même famille que le célèbre Dominique, et dont les grâces et le jeu piquant avaient attiré longtemps la foule au Théâtre-Italien. Les deux amies se trouvaient heureuses l’une par l’autre.

Une sévère économie suppléait à la modicité de ses revenus ; les charmes d’une société peu nombreuse, mais choisie, et la culture des arts de l’esprit, embellissaient la vieillesse de Marie-Jeanne Riccoboni. Elle était exempte de toute espèce d’infirmités ; ses facultés physiques et morales n’avaient subi aucune altération ; sa carrière semblait encore devoir se prolonger. Mais la Révolution commençait à éclater ; les horreurs et les massacres qui en signalèrent les premières années, affligèrent profondément Marie-Jeanne Riccoboni. Elle prévoyait la suite de malheurs qui allaient fondre sur son pays. Sa position personnelle devenait d’ailleurs chaque jour plus inquiétante : sa petite fortune s’était évanouie et, privée de la petite pension qu’elle recevait de la cour. Elle allait, à 69 ans, être livrée à toutes les horreurs de l’indigence, quand elle mourut le 7 décembre 1792.

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