LA FRANCE PITTORESQUE
3 décembre 1789 : mort du peintre
Claude-Joseph Vernet
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Publié le dimanche 2 décembre 2012, par Redaction
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Le nom de Vernet jouit d’un privilège heureux dans l’histoire des arts : une triple génération d’artistes a commencé, continué, agrandi son illustration. Claude-Joseph, père de Carle, et grand père d’Horace, avait eu lui-même son père pour premier maître.

Claude-Joseph Vernet

Claude-Joseph Vernet

Né le 14 août 1714 à Avignon, dès l’âgé de dix-huit ans il sentit le besoin d’aller se perfectionner en Italie ; il s’embarqua, et quand il quitta son vaisseau, il ne connaissait déjà plus de rival, comme peintre de marine. Cependant à Rome il eut d’abord beaucoup de peine à vivre : pour se procurer habit, veste et culotte, il peignit un tableau, que plus tard on vendit mille écus. Sa réputation s’établit enfin, grâce à la fécondité de son talent : il fut chargé d’orner de paysages la galerie Borghèse et le palais Rondanini.

Vernet s’attachait alors à reproduire le style de Salvator Rosa. L’amitié l’unissait au célèbre Pergolèse, qui composa dans son atelier l’une des plus belles strophes du Stabat Mater. Il profita de son séjour en Italie pour étudier et dessiner des monuments, des vues ; il parcourut les mers qui baignent la Péninsule, ainsi que les diverses plages de la Grèce. C’est à Rome qu’il épousa Mlle Parker, fille d’un Anglais catholique, officier dans la marine pontificale.

Rappelé dans sa patrie, après une absence de vingt-deux ans, Vernet avait reçu du roi Louis XV, par l’entremise de M. de Marigny, la mission de peindre les principaux ports de France. S’étant jeté sur une petite felouque, une tempête l’accueillit : avide d’en contempler le spectacle, Vernet se fit attacher au mât de son esquif : son petit-fils a retracé dans un tableau cet épisode de sa vie. En dix années, il accomplit une tâche ingrate pour tout autre que lui : sa collection des ports de France n’a pas moins d’intérêt, de charme, que de précision et d’exactitude.

Cette collection n’occupa pas exclusivement son pinceau : de 1752 à 1789, il exécuta plus de deux cents tableaux. Dès lors Vernet en était revenu à son style primitif, style simple, naturel, spirituel, toujours vrai, toujours ingénieux ; lui-même le jugeait ainsi : « Me demandez-vous si je fais les ciels comme tel maître ? Je vous répondrai que non ; les figures comme tel autre ? Je vous répondrai que non ; les arbres et le paysage comme celui-ci ? Même réponse ; les brouillards, les eaux, les vapeurs comme celui-là ? Même réponse encore : inférieur à chacun d’eux dans une partie, je les surpasse dans toutes les autres. »

Les contemporains reprochaient à Vernet une excessive facilité, qui semble héréditaire dans sa famille, et qui tient moins encore à l’agilité de la main qu’à la promptitude de la pensée. Souvent, dit-on, il commençait un tableau dans la matinée, et l’avait fini avant d’aller dîner. D’ailleurs sa gloire fut pure et non contestée : passionné pour son art, Vernet trouvait le bonheur dans le travail. Elevé au rang de conseiller de l’Académie en 1766, il y reçut son fils en 1787 : il ne lui manqua que de voir les chefs-d’œuvre de son petit-fils.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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