LA FRANCE PITTORESQUE
2 décembre 1756 : mort du roi
de Corse Théodore de Neuhoff
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Publié le mardi 1er décembre 2015, par Redaction
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A peine les Corses se furent-ils mis en république, qu’un aventurier allemand, qui depuis longtemps cherchait fortune dans toute l’Europe, accourut leur offrir ses services. Cet homme actif et entreprenant, nommé Théodore de Neuhoff, alla trouver le bey de Tunis, le séduisit par de belles promesses, en obtint des armes, des munitions et de l’argent, revint dans la Corse avec ce secours, et enfin s’y fit proclamer roi.

Théodore de Neuhoff

Théodore de Neuhoff

Le sénat de Gênes mit sa tête à prix ; mais, n’ayant pu le faire arrêter, ni soumettre les insurgés, il eut recours à la France, qui envoya successivement des généraux et des troupes. Théodore, chassé de l’île par les Français, et en même temps par les Corses, se retira à Amsterdam, où ses créanciers le firent mettre en prison.

Du fond de cette prison, il écrivait toujours à ses anciens sujets, qu’il viendrait bientôt les délivrer du joug de Gênes et de l’arbitrage de la France. En effet, il trouva le secret de tromper des juifs et des marchands étrangers établis à Amsterdam, comme il avait trompé Tunis et la Corse : il leur persuada, non seulement de payer ses dettes, mais de charger un vaisseau d’armes, de poudre, de munitions de guerre et de bouche, avec beaucoup de marchandises, leur assurant qu’ils feraient seuls le commerce de la Corse, et leur faisant envisager des profits immenses.

L’intérêt leur ôtait la raison, mais Théodore n’était pas moins fou qu’eux. Il s’imagina qu’en débarquant en Corse des armes, en paraissant avec quelque argent, toute l’île se rangerait incontinent sous ses drapeaux, malgré les Français et les Génois. Il ne put aborder ; il se sauva à Livourne ; ses créanciers de Hollande furent ruinés.

Il se réfugia bientôt en Angleterre ; il fut mis en prison pour ses dettes, à Londres, comme il l’avait été à Amsterdam : il y resta jusqu’au commencement de l’année 1756. Walpole eut la générosité de faire pour lui une souscription, moyennant laquelle il apaisa ses créanciers, et délivra de prison ce prétendu monarque qui mourut misérablement le 2 décembre de la même année.

On grava sur son tombeau : Que la fortune lui avait donné un royaume, et refusé du pain.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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