LA FRANCE PITTORESQUE
28 novembre 1801 : mort du géologue
et minéralogiste Déodat Gratet de Dolomieu
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Publié le mardi 27 novembre 2012, par Redaction
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L’existence de Dolomieu fut un long roman : né le 23 juin 1750, il sortait d’une ancienne et noble famille du Dauphiné. Voué, dès le berceau à l’ordre de Malte, officier de carabiniers à quinze ans, il commença son noviciat à dix-huit. Un duel ouvrit la série de ses malheurs : mis en jugement, condamné à perdre l’habit de son ordre, le grand-maître lui fit grâce, mais le pape refusa de la sanctionner. Dolomieu resta neuf mois en prison : ce n’était qu’un prélude.

Déodat Gratet de Dolomieu

Déodat Gratet de Dolomieu

Nous ne le suivrons pas dans les voyages qu’il entreprit tantôt par devoir, tantôt par amour pour une science, dont il était vivement épris. C’est en Sicile qu’il conçut le germe de ses idées sur les volcans et sur le siège de leur conflagration, situé, suivant lui, à des profondeurs immenses. Rien ne l’arrêtait dans ses observations, ni périls, ni fatigues. Dolomieu, quoique noble, avait partagé l’enthousiasme excité par la Révolution française : il eut à souffrir de ses excès. Revenu en France, il vit périr son vertueux ami, le duc de Larochefoucauld.

Après le 9 thermidor, il reprit ses courses géologiques. Dès l’année 1796, il fut nommé ingénieur et professeur à l’école des mines ; dès sa formation, l’Institut l’avait admis au nombre de ses membres. Il fit partie de l’expédition d’Egypte : forcé de prendre un rôle dans les négociations qui amenèrent la prise de Malte, il remplit une mission équivoque et pénible. À son retour d’Egypte, jeté sur les côtes du royaume de Naples, qui alors était en guerre avec la France, il fut enlevé, jeté dans un cachot infect, sans plume, sans papier, sans livres.

Un jour, demandant à son geôlier quelque objet de première nécessité : « Je mourrai, lui dit-il, si je n’obtiens ce secours. — Que m’importe que tu meures, répondit le geôlier, je ne dois compte au roi que de tes os. » Cependant son courage le soutint : les marges de deux ou trois volumes, qu’il était parvenu à soustraire à ses gardiens, lui tinrent lieu de papier ; il se fit une plume avec un morceau de bois, et une espèce d’encre avec la fumée de sa lampe : c’est ainsi qu’il écrivit son Traité de philosophie minéralogique et quelques autres mémoires.

Dolomieu ne revit le jour qu’au mois de mars 1801 : en arrivant en France, il apprit que la chaire, vacante par la mort de Daubenton, lui avait été décernée. A peine eut-il le temps d’en prendre possession ; une mort prématurée l’enleva : la science doit beaucoup aux écrits qu’il publia, et qui roulent, pour la plupart, sur les volcans et les matières volcaniques. On regrette que sa vie errante et ses malheurs l’ayent empêché de rédiger en corps de doctrine l’en* semble de ses vues et des faits qu’il avait recueillis

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