LA FRANCE PITTORESQUE
19 novembre 1649 : mort du
pamphlétaire Gaspard Scioppius
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Publié le dimanche 18 novembre 2012, par Redaction
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De tous les savants grossiers et bilieux des seizième et dix-septième siècles, Gaspard Scioppius est celui qui a le plus déshonoré la littérature par la bassesse des injures et l’atrocité des satires. Il ne respectait aucune chose ni aucune personne. Le roi d’Angleterre, Jacques Ier, l’ayant contredit sur un point d’érudition, il traita ce roi avec un mépris dont celui-ci ne put s’empêcher de se venger par des voies de fait ; il lui fit, dit-on, donner des coups de bâton par le moyen de-son ambassadeur en Espagne.

Le libelle de Scioppius fut brûlé à Londres, et on représenta devant le roi une comédie où Scioppius était pendu en effigie. Ce furieux écrivain avait été protestant, et se fit catholique : mauvaise acquisition pour quelque parti que ce pût être. Cependant, comme l’aveugle esprit de parti nous fait souvent louer ceux qui pensent, ou ont l’air de penser comme nous, le cardinal Bellarmin, jésuite, loua dans Scioppius Sapientiam in rege anglicano exagitando, la modération avec laquelle il avait critiqué le roi d’Angleterre.

Les jésuites furent mal récompensés de ces éloges dans la suite. Scioppius, né allemand, avait présenté à la diète de Ratisbonne une requête par laquelle il demandait une pension : les jésuites, consultés sur cette requête, n’y furent pas favorables. Dès lors la guerre leur fut déclarée. Scioppius vomit contre eux plus de trente libelles. Il en terminait un par cette souscription pieuse : Moi, Gaspard Scioppius, déjà sur le bord de ma tombe, et près de paraître devant le tribunal de Jésus-Christ, pour lui rendre compte de mes œuvres.

Il avait traité les Casaubon, les Duplessis-Mornay, surtout Scaliger, encore plus mal que les jésuites ; il n’avait de tous côtés que des ennemis, et ne cherchait que des ennemis, lorsqu’il mourut à Padoue, le seul asile peut-être qui lui restât sur la terre. Sa folie, à la fin de sa vie, était d’expliquer l’apocalypse, et cette folie pouvait paraître innocente ; mais elle lui fournissait des injures à vomir contre tous ceux qui n’expliquaient pas ce livre comme lui, et il en tirait des allégories contre ses ennemis, auxquels il ne manquait pas d’appliquer le signe de la bête.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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