LA FRANCE PITTORESQUE
13 novembre 1744 : arrestation du
maréchal de Belle-Isle
(Charles-Louis-Auguste Fouquet)
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Publié le lundi 12 novembre 2012, par Redaction
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Pendant la guerre de 1740, Louis XV, qui soutenait l’élection de Charles VI à l’empire, avait envoyé à Munich, à Cassel et en Silésie le maréchal de Belle-Isle (Charles-Louis Auguste Fouquet, petit-fils du surintendant Nicolas Fouquet), chargé de ses pleins pouvoirs et de ceux de l’empereur. Ce général venait de Munich, résidence impériale, avec le comte son frère : ils avaient été à Cassel, et suivaient leur route sans défiance, dans des pays où le roi de Prusse a partout des bureaux de poste, qui, par les conventions établies entre les princes d’Allemagne, sont toujours regardés comme neutres et inviolables.

Charles-Louis-Auguste Fouquet, maréchal de Belle-Isle

Charles-Louis-Auguste Fouquet, maréchal de Belle-Isle

Le maréchal et son frère, en prenant des chevaux à un de ces bureaux, dans un bourg appelé Elbingrode, appartenant à l’électeur d’Hanovre, furent arrêtés par le bailli hanovrien, maltraités et bientôt transférés en Angleterre. Le duc de Belle-Isle était prince de l’Empire, et par cette qualité, cette arrestation pouvait être regardée comme une violation des privilèges du collège des princes. En d’autres temps, un empereur aurait vengé cet attentat ; mais Charles VI régnait dans un temps où l’on pouvait tout oser contre lui, et où il ne pouvait que se plaindre. Le ministère de France réclama à la fois tous les privilèges des ambassadeurs et les droits de la guerre.

Si le maréchal de Belle-Isle était regardé comme prince de l’Empire et ministre du roi de France, allant à la cour impériale et à celle de Prusse, ces deux cours n’étant point en guerre avec l’Hanovre, il paraît certain que sa personne était inviolable. S’il était regardé comme maréchal de France et général, le roi de France offrait de payer sa rançon et celle de son frère selon le cartel établi à Francfort entre la France et l’Angleterre.

Le ministre de Georges II éluda ces instances pressantes par une défaite inouïe : il déclara qu’il regardait MM. de Belle-Isle comme prisonniers d’Etat. On les traita avec les attentions les plus distinguées, suivant les maximes de la plupart des cours européennes qui adoucissent ce que la politique a d’injuste et ce que la guerre a de cruel, par tout ce que l’humanité a de dehors séduisants.

Cette détention suspendit tout cartel ; mais le ministère de Londres ayant reconnu au bout d’un an qu’il y avait plus de prisonniers anglais en France qu’il n’y avait de prisonniers français en Angleterre, se détermina enfin à remettre en liberté les deux généraux. On les avait pris contre le droit des gens, on les renvoya sans rançon. Il n’y avait pas moyen d’exiger d’eux aucune rançon, après les avoir déclarés prisonniers d’Etat.

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