LA FRANCE PITTORESQUE
6 novembre 1784 : naissance
de Laure Fermon, future duchesse d’Abrantès
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Publié le lundi 5 novembre 2012, par Redaction
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Laure d’Abrantès, qui a connu la vie la plus brillante, tombe dans la misère lorsque s’effondra l’Empire. Ne pouvant faire face à ses créanciers, elle doit quitter son hôtel de la rue Royale. Le baron de Ville-d’Avray, intendant du Garde-Meuble, le loue vingt-six mille francs par an, le 1er août 1816, pour neuf années.

Le sacrifice ne suffit pas : il faut tout liquider. Le 6 janvier 1819, la vente du mobilier produit neuf cent cinquante-huit mille six cent quatre-vingt-huit francs-or. Mais le passif est de un million cent soixante-huit mille soixante-treize francs cinquante-quatre. L’hôtel est estimé quatre cent dix-neuf mille cinq cents francs. Laure ne parvient à trouver un acheteur que pour deux cent quatre-vingt mille francs. Ces sommes ne comblent pas le passif, et c’est son ancien amant Balincourt qui vient le plus souvent possible en aide à la duchesse. A vouloir combler ce tonneau des Danaïdes, il se ruina galamment.

Laure lui avait donné deux enfants qui ne vécurent point, mais dont la duchesse utilisait adroitement le souvenir : « L’état dans lequel vous me laissez depuis quatre jours est inexcusable et quelle est la femme que vous laissez ainsi dans le désespoir ? C’est votre amie, votre amante, celle qui deux fois vous rendit père ». Elle continuait à l’adorer comme à Aix, le jour où elle lui avait envoyé une lettre brûlante de passion écrite avec son sang. En 1817, elle écrivait encore : « Ecoute, Maurice, je t’aime avec un transport qui m’ôte le pouvoir de la réflexion. Je t’adore, je t’idolâtre. Le temps, loin de rien diminuer à mon excessive tendresse, n’a fait que l’accroître ; tu es aussi nécessaire à ma vie que l’air pour respirer et le jour pour se conduire ».

Lui, continuait à la tromper et à déclencher scènes, pleurs, cris, menaces, et un monceau de lettres. La fin de Mam’selle Loulou, tombée dans la misère, fut atroce. Elle était couchée, gravement malade, lorsque ses créanciers firent vendre ses meubles et ses pauvres affaires sur place. On éparpilla tout au feu des enchères sauf le lit, deux chaises et une table de cuisine. On transporta la malade rue des Batailles, dans une maison de santé, mais on la jeta à la rue, en pleine nuit, car elle ne possédait pas les quelques francs dont on exigeait le paiement d’avance...

Elle fut admise dans une maison, au 70, rue de Chaillot, où elle mourut dans une chambre misérable. Des rêveries de Laure, il ne reste plus aujourd’hui que le souvenir. Son hôtel a été démoli en 1911, après avoir été habité par le prince de Beauvau et le baron Haussmann.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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