LA FRANCE PITTORESQUE
4 novembre 1596 : assemblée des
notables à Rouen, convoquée par Henri IV
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Publié le jeudi 1er novembre 2012, par Redaction
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Henri IV était enfin parvenu, après six années de combats et de victoires, à recouvrer son royaume, mais il l’avait recouvré pauvre, déchiré et dans la même subversion où il avait été du temps de Philippe de Valois, de Jean et de Charles VI. Plusieurs grands chemins avaient disparu sous les ronces. Paris était le séjour de la misère et du brigandage ; les finances de l’Etat n’étaient plus alors qu’un trafic public des restes du sang du peuple.

Assemblée des notables à Rouen, en 1596

Assemblée des notables à Rouen, en 1596

Pour apporter quelques remèdes à de si grands maux, Henri IV convoqua dans Rouen une assemblée de notables du royaume ; c’était une espèce d’Etats-généraux. Il y prononça ces paroles :

« Déjà par la faveur du ciel, par les conseils de mes bons serviteurs, et par l’épée de ma brave noblesse, dont je ne distingue point mes princes, la qualité de gentilhomme étant notre plus beau titre, j’ai tiré cet Etat de la servitude et de la ruine. Je veux lui rendre sa force et sa splendeur : participez à cette gloire comme vous avez eu part à la première. Je ne vous ai point appelés, comme faisaient mes prédécesseurs, pour vous obliger d’approuver aveuglément mes volontés, mais pour recevoir vos conseils, pour les croire, pour les suivre, pour me mettre en tutelle entre vos mains. C’est une envie qui ne prend guère aux rois, aux victorieux et aux barbes grises ; mais l’amour que je porte à mes sujets me rend tout possible et tout honorable. »

Cette éloquence du cœur dans un héros est bien au-dessus de toutes les harangues de l’antiquité. On rapporte qu’après la séance, Henri IV demanda à la duchesse de Beaufort, sa maîtresse, qui avait entendu son discours, cachée derrière une tapisserie, ce qu’elle en pensait : « Je n’ai jamais, dit-elle, ouï mieux parler, j’ai seulement été surprise que votre majesté ait parlé de se mettre en tutelle. — Il est vrai, répondit Henri IV ; mais je l’entends avec mon épée au côté. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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