LA FRANCE PITTORESQUE
31 octobre 1662 : mort du président
Pierre Jeannin, magistrat et ministre
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Publié le vendredi 26 octobre 2012, par Redaction
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Il se distingua surtout par une négociation que Henri IV lui confia en 1609. Il s’agissait de faire reconnaître par l’Espagne la souveraineté des Etats de Hollande, et de procurer à ces peuples une trêve de douze ans. Jeannin mit à cette négociation le talent de conciliation qui lui était particulier : son succès fut complet. On dit qu’avant d’entrer au ministère, Richelieu fit longtemps une étude assidue des dépêches de Jeannin ; et que ce fut à cette lecture qu’il dut les grandes lumières dont il fit usage pendant le règne de Louis XIII.

Jeannin eut toute la confiance de Henri IV, dont il fut le ministre, et conserva son crédit pendant la régence de Marie de Médicis. D’un état fort obscur, il était parvenu aux premiers emplois. Né à Dijon de parents pauvres, il se consacra à l’étude des lois, et obtint des succès dans l’état d’avocat. Son mérite fixa l’attention des Etats de Bourgogne, qui le chargèrent des affaires de la province. Un jour il parla dans cette assemblée avec une grande éloquence : un riche particulier qui l’entendit alla chez lui, après la séance, et lui offrit sa fille avec une riche dot. Jeannin lui témoigna sa reconnaissance, et lorsque son futur beau-père lui eut demandé en quoi consistait son bien, il porta la main à sa tête, et lui montrant quelques livres : « Voilà, dit-il, tout mon bien et toute ma fortune. »

Lorsqu’on reçut à Dijon les ordres pour le massacre de la Saint-Barthélemy, Jeannin qui avait déjà du crédit dans sa patrie, fit tous ses efforts pour en empêcher l’exécution : il y parvint. Sous le règne suivant, la ligue se forma : les prétextes spécieux sur lesquels elle s’appuyait, et surtout la conservation de la religion catholique en France, séduisirent Jeannin, et l’entraînèrent dans ce parti. Il s’y conduisit avec sagesse et modération, et ses efforts, pour calmer les fureurs de cette faction, ne furent pas infructueux.

Chargé par la duc de Mayenne d’une négociation importante auprès de Philippe II, roi d’Espagne, il découvrit que l’intérêt de l’Eglise n’était qu’un prétexte dont ce monarque se servait pour enlever la France à son roi légitime. Ces dispositions le rapprochèrent de Henri IV, qui l’accueillit avec distinction. Déjà nominé par le duc de Mayenne conseiller au parlement de Bourgogne, il fut fait par le roi premier président, et s’étant défait de cette charge, il fut admis au conseil. « Je suis bien assuré, dit Henri IV en le recevant, que celui qui a été fidèle à un duc le sera à un roi. »

Jeannin justifia par sa conduite la confiance de Henri. Pendant un ministère très long, il donna des preuves constantes de talent, de droiture et surtout de désintéressement. Cet homme célèbre qui avait occupé les plus grandes places ne laissa qu’une fortune médiocre à sa famille.

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