LA FRANCE PITTORESQUE
25 octobre 1826 : mort
du médecin Philippe Pinel
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Publié le lundi 22 octobre 2012, par Redaction
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L’une des gloires les plus brillantes, les plus utiles de la médecine française, Pinel naquit le 20 avril 1745 dans le département du Tarn. Elève de la faculté de Toulouse, qui le reçut docteur gratuitement, en 1764, à cause de ses connaissances étendues et des espérances qu’il donnait, il vint se perfectionner à Montpellier, et se rendit plus tard à Paris.

Philippe Pinel

Philippe Pinel

Là, ses liaisons avec quelques hommes célèbres, Portai, Desault, Chaptal, Berthollet, Fourcroy, ses travaux de traducteur, d’éditeur et d’auteur d’œuvres médicales lui ouvrirent la carrière. En 1792, il fut nommé médecin en chef de Bicêtre : alors les aliénés gisaient enchaînés dans des cachots infects. Pinel se convainquit par une étude approfondie que ce traitement barbare ne faisait qu’empirer leur état moral.

Il résolut de les rendre à la liberté, au travail, à l’air, en les contenant par une surveillance exacte et paternelle. Cet acte d’un esprit supérieur, et qui trouva des obstacles dans l’autorité, suffit pour faire considérer Pinel comme le bienfaiteur des aliénés et le promoteur de tout ce qui a été fait en leur faveur en France et hors la France.

Un Traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale confirma par la théorie la pratique de Pinel. Etranger à l’intrigue, à l’ambition, Pinel donnait tout son temps aux recherches qu’il avait entreprises pour la composition de son grand ouvrage, intitulé : Nosographie philosophique, ou Méthode de l’analyse appliquée à la médecine. « L’auteur, dit la Biographie des Contemporains, dans cet ouvrage, encore aujourd’hui le plus classique et le plus élémentaire de nos traités de médecine, terrassa les vieilles hypothèses de l’humorisme, remplaça des divisions vagues et surannées par une classification nouvelle, où les maladies sont distribuées, autant qu’il était possible de le faire alors, d’après leur siège.

« Le goût exquis qui présida à la rédaction de ce livre, la philosophie, le ton sévère et la critique piquante qu’on y remarque, l’habileté profonde de l’auteur à généraliser ses idées et à manier le grand instrument dé l’analyse moderne ; enfin, un style animé, concis et plein d’énergie, firent la réputation de cet ouvrage, qui devait opérer une révolution complète dans la science médicale, et exciter l’enthousiasme parmi les disciples que Pinel attirait à la Salpetrière, où il faisait des leçons de médecine clinique, et à l’Ecole de santé, dont il venait d’être nommé professeur. »

Les divers écrits de Pinel marquaient sa place à l’Institut : vers l’époque de son admission dans la classe des sciences physiques et mathématiques, il fut décoré de la Légion d’honneur. Ses immenses travaux, ses longs services, sa popularité dans le monde et dans les amphithéâtres, qui pouvaient à peine contenir la foule de ses auditeurs, ne purent lui sauver sa part de l’outrage général, dont le ministère de MM. Villèle, Peyronnet et Corbière frappa l’école de médecine. Pinel fut privé d’une chaire qu’il avait illustrée, agrandie : il mourut abattu par l’âge, environné de l’estime et de la vénération publique, juste dédommagement d’un ridicule caprice du pouvoir.

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