LA FRANCE PITTORESQUE
13 octobre 1131 : mort de Philippe,
fils du roi Louis VI le Gros
(D’après « Histoire de la vie privée des Français depuis l’origine
de la nation jusqu’à nos jours » (Tome 1), édition de 1815)
Publié le vendredi 13 octobre 2023, par Redaction
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Le jeune prince Philippe, que le roi Louis VI le Gros son père s’était associé — il n’avait pas encore 4 ans — et avait fait couronner à Reims cependant qu’il avait 13 ans, passant près de l’église de Saint-Gervais, rue Malthois, à Paris, un cochon s’embarrassa dans les jambes de son cheval qui, effarouché, se cabra, renversant si rudement son cavalier que ce dernier en mourut le lendemain.

Philippe, fils du roi Louis VI, chute de cheval à cause d'un cochon

Philippe, fils du roi Louis VI, chute de cheval à cause d’un cochon

Le cochon fut très tôt l’objet de règlements. Sous les Mérovingiens, déjà, et à Paris, les rois, toutes les fois que dans l’enclave de quelqu’un de leurs domaines il se trouvait une forêt qui ne leur appartenait pas, jouissaient du droit d’y envoyer paître leurs cochons. Si le lieu n’offrait point de pâture, ils pouvaient, en compensation, exiger un tribut. En 614, Clotaire, par un édit publié à Paris dans un synode d’évêques, renonça à ce double privilège, déclarant que, dans le premier cas, il ne voulait point que ses porcs allassent à la forêt sans la permission du propriétaire ; ni, dans le second, qu’on exigeât de redevance en son nom.

Les habitants des villes qui ne pouvaient, comme ceux des campagnes, avoir un troupeau entier, élevaient chez eux un ou deux cochons que, pendant le jour, ils lâchaient dans les rues et laissaient vivre aux dépens du public. Cette mauvaise police présentait des inconvénients sans nombre : ainsi de la tragédie mettant en scène le fils de Louis le Gros.

Un pareil événement occasionna, au sujet des cochons, un règlement de police. Il fut en effet défendu de laisser vaguer des pourceaux dans les rues. Toutefois, ce règlement connut le sort de mille autres. Bientôt on l’oublia. Saint Louis, en 1261 ; les prévôts de Paris, en 1348, 1350, 1502 ; François Ier en 1539, défendirent en vain de nourrir des porcs dans la ville ; ils n’eurent pas plus de succès.

Les religieux de l’abbaye Saint-Antoine, surtout, en vertu du privilège de leur saint patron, qu’ordinairement on représente avec un cochon à ses côtés, prétendirent n’être point assujettis à la défense. Non contents de cette prétention, ils en formèrent, par la suite, d’autres plus étendues encore, et voulurent être les seuls qui eussent le privilège de laisser vaguer leurs porcs par les rues de la capitale.

Statue de saint Antoine et son cochon, à la collégiale d'Uzeste (Gironde)

Statue de saint Antoine et son cochon, à la collégiale d’Uzeste (Gironde)

Ils y parvinrent. Le bourreau fut même chargé d’exécuter cette singulière police. Tout cochon n’appartenant pas aux Antonins pouvait être saisi par lui ; il le conduisait à l’Hôtel-Dieu, et avait le droit d’en exiger la tête, ou de prendre cinq sous en argent.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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