LA FRANCE PITTORESQUE
12 octobre 1646 : mort du
maréchal François de Bassompierre
(D’après « Éphémérides universelles, ou Tableau religieux, politique,
littéraire, scientifique et anecdotique, etc. » (Tome 10), édition de 1834)
Publié le jeudi 6 octobre 2016, par Redaction
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S’entourant de faste et de magnificence, il éclipsa tous les brillants seigneurs qui s’amusaient à la cour légère de Henri IV
 

L’éclat de ses aventures galantes, ses talents d’homme du monde, son esprit de cour, sans qu’il fût néanmoins courtisan, bien plus encore que ses services militaires ou diplomatiques, quoiqu’il ait été maréchal et ambassadeur, ont fait une grande célébrité à François de Bassompierre. Jeune, beau, opulent, d’une illustre origine (il descendait de la maison de Clèves), possédant les plus heureuses facultés, qu’avaient développées des voyages et une éducation solide, s’entourant de faste et de magnificence, il éclipsa tous les brillants seigneurs qui s’amusaient à la cour légère de Henri IV.

Par ton et par vanité, il alla chercher quelque réputation militaire en Hongrie, contre les Turcs, puis il revint accepter la charge de colonel-général des Suisses. Indépendant par sa belle position, par son caractère fier, par son esprit satirique et railleur, et par son amour des plaisirs, Bassompierre se tint en dehors des intrigues, dont tout le règne de Louis XIII fut agité.


François de Bassompierre, par Jean Alaux dit Le Romain

Cependant il n’échappa point à la jalousie des favoris qui accaparèrent, tour à tour, le faible héritier de Henri IV. Ils s’inquiétaient de le voir plaire, quoique son désintéressement l’empêchât d’exploiter la faveur royale. Le connétable de Luynes, avec une franchise qui fait honneur à Bassompierrre, ne lui cacha pas ses inquiétudes. « Je vous aime et vous estime, lui dit-il, mais le penchant du roi pour vous me cause de l’ombrage ; je suis, enfin, comme un mari, qui craint d’être trompé, et qui ne souffre pas avec plaisir un homme aimable auprès de sa femme. »

Pour le dédommager de son éloignement de la cour, il lui offrit un commandement, une ambassade ou un gouvernement. Bassompierre préféra l’ambassade ; il tâcha de s’amuser à Madrid, et d’oublier les Françaises auprès des Espagnoles. La jalousie du cardinal de Richelieu fut plus brutale et ne s’excusa point, en quelque sorte, par des procédés aussi délicats. Ce fut à la Bastille qu’il envoya le maréchal, qu’il soupçonnait de n’être pas de ses amis ; car Richelieu disait rigoureusement avec l’évangile : Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et il agissait en conséquence.

La mort du cardinal mit seule fin à la captivité de Bassompierre, embastillé depuis douze ans. Mais il ne jouit pas longtemps de sa liberté rendue ; sa jeunesse, son âge mûr même, trop fatigués par les plaisirs, avaient fait arriver la vieillesse avant te temps, et une attaque d’apoplexie eut peu de chose à faire pour l’emporter, à l’âge de soixante-quatre ans.

Si quelques mots suffisent pour raconter les faits d’armes, qui valurent à Bassompierre le bâton de maréchal (1622), après la guerre contre les protestants, la tâche serait plus longue et plus difficile de mentionner tous ses exploits galants, depuis l’heure (1609) où le Béarnais, fol et outré de Mlle de Montmorency, suppliait Bassompierre, qui était son rival, de cesser ses poursuites, jusqu’au moment où la princesse de Conti (1631), Louise de Lorraine, se mourait de douleur, en apprenant la captivité de son maréchal.

Les bons mots de Bassompierre, dont la réplique était vive et fine, enfleraient aussi des volumes. Si les douze années qu’il passa à la Bastille furent perdues pour ses plaisirs, elles ne furent point inutiles à l’histoire : il les consacra à écrire ses mémoires, qui renferment de précieux documents.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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