LA FRANCE PITTORESQUE
10 octobre 1775 : mort du maréchal du Muy
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Publié le lundi 8 octobre 2012, par Redaction
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Louis-Nicolas-Victor de Félix d’Ollières, comte du Muy, d’abord chevalier de Malte de la langue de Provence, naquit à Marseille le 23 septembre 1711. Il servit avec distinction en Flandre pendant la guerre de 1740, se trouva à la bataille de Fontenoy en 1745, se signala pendant la guerre de 1757, à la bataille d’Hastembeck, donnée cette même année ; à celle de Crewelt en 1758 et de Minden en 1759.

Il fut employé, en 1760, dans l’armée du maréchal de Contades, et commanda, pendant toute la campagne, un corps considérable de troupes. Attaqué, le 31 juillet, près de Warbourg, par un corps de quarante mille hommes qui étaient commandés par le prince héréditaire de Brunswick, et soutenus par l’armée du prince Ferdinand, il combattit pendant quatre heures avec la plus grande valeur, et n’ordonna la retraite, qu’il fit en bon ordre, que lorsqu’il fut forcé de céder au grand nombre.

Ses services militaires lui méritèrent le ministère de la guerre, en 1774, et le bâton de maréchal de France. Il ne jouit pas longtemps de ces honneurs, étant mort de la pierre quelques mois après. Il demanda à être enterré à Sens, près du dauphin. De Sacy l’a peint au naturel dans les vers suivants :

Sincère dans les cours, austère dans les camps,
Stoïque sans humeur, généreux sans faiblesse :
Le mérite à ses yeux fut la seule noblesse.
Sous le joug du devoir il fit plier les grands ;
Et bravant leur crédit, mais payant leurs blessures,
Juste dans ses refus. juste dans ses bienfaits,
Il obtint leur estime ; en bravant leurs murmures.
Placé près d’un grand prince, objet de nos regrets,
Il fut et le censeur et l’ami de son maître ; Il n’eut point de flatteurs et ne voulut point l’être.

Au milieu des dangers de la cour et de la licence des armées, le comte du Muy conserva toujours la piété qui anima toutes les actions de sa vie. Lorsqu’il était gouverneur de Flandre, obligé en cette qualité de conduire partout le roi du Danemark, et arrivé avec ce prince à la porte de la salle des spectacles, il lui représente les devoirs qui lui étaient imposés par sa religion, et se retire.

On le vit régler toujours sa table sur le précepte de l’abstinence, lors même qu’il eut l’honneur d’y recevoir le duc de Gloucester, frère du roi d’Angleterre, qu’une croyance différente semblait exempter de cette obligation : Ma loi, lui dit-il, s’observe exactement dans ma maison. Si j’avais le malheur d’y manquer quelquefois, je l’observerais plus particulièrement aujourd’hui, que fait honneur d’avoir un illustre prince pour témoin et pour censeur de ma conduite.

Lorsqu’il était à la tête des troupes, on le vit toujours veiller avec une singulière attention à l’observation de la discipline ; chaque jour il faisait une inspection sévère des hôpitaux, et examinait le pain destiné au soldat. Après avoir rempli les devoirs de son état, ses plaisirs étaient de soulager la misère, de protéger l’innocence, de défendre la vertu opprimée. Il parut toujours prodigue envers l’indigent ; c’était là son luxe, fruit de l’économie. Il a laissé des Mémoires pleins d’excellentes vues sur différents objets de l’administration.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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