LA FRANCE PITTORESQUE
23 septembre 1808 : mort du danseur et chorégraphe Gaëtan Vestris
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Publié le lundi 24 septembre 2012, par Redaction
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Voici une de ces renommées qui restent pour servir à l’histoire des mœurs, comme un fragment d’antiquité sert à l’histoire des arts. Quel fait pourrait mieux caractériser le milieu du XVIIIe siècle, que cette immortalité acquise en faisant des pirouettes et des entrechats ?

Gaëtano-Apoline-Balthazar naquit à Florence le 18 avril 1729 ; son véritable nom était Vestri. Venu fort jeune à Paris, il y reçut des leçons du fameux Dupré, débuta à l’Opéra, en 1748, fut reçu l’année suivante, et, en 1753, devint membre de l’académie de danse, créée par ce roi, qui voulut joindre à tant de titres prodigués par l’adulation, celui de beau danseur.

Vestris avait fait de tels progrès dans son art, qu’il fut jugé digne de remplacer Dupré, lorsque ce dernier se retira, et fut surnommé, comme son maître, le dieu de la danse. Cette qualification, que Vestris se donnait lui-même avec la bonne foi la plus comique et le sérieux le plus bouffon, lui est restée ; mais, adoptant sa prononciation, on l’appela le diou dé la danse.

Vestris a dû beaucoup contribuer à accréditer le préjugé peu favorable à l’esprit des danseurs. On a de son incroyable vanité de nombreux exemples ; nous en rappellerons un seul : c’est que cet artiste se mettait sur la ligne de Voltaire et du grand Frédéric ; encore nous trompons-nous, car il se mettait avant, en disant : « Il n’y a que trois grands hommes dans ce siècle : moi, Voltaire et Frédéric. » Gaëtano-Apoline eut un fils, héritier de son talent, mais non de sa gloire et de sa divinité. Dansait-il moins bien ? Non, mais le public dansait moins et pensait davantage.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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