LA FRANCE PITTORESQUE
26 septembre 1807 : mort du
poète Blin de Saint-Maur
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Publié le lundi 24 septembre 2012, par Redaction
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Il débuta dans la carrière littéraire par des héroïdes, qui eurent quelque succès. L’épître d’Héloïse, par Colardeau, avait mis ce genre à la mode ; et Blin y déploya plus de naturel et de sensibilité que Dorat.

En 1763, il donna la tragédie d’Orphanis : cette pièce qui fut un des débuts de mademoiselle Raucourt, réussit au-delà des espérances de l’auteur : l’actrice y contribua peut-être plus que le mérite réel de l’ouvrage. Le sujet est puisé dans un drame anglais intitulé : le Marchand de Londres. C’est une femme artificieuse qui détermine un jeune homme qu’elle a rendu amoureux, à attenter à la vie de son oncle et de son bienfaiteur.

La Harpe, Mercier et quelques autres ont traité ce sujet sans beaucoup de succès. Blin, en l’ennoblissant, n’est point parvenu à le rendre digne du cothurne français. Sa tragédie n’a aucune couleur historique, son intrigue est romanesque, et la diction, trop souvent faible, ne rachète point ces défauts. Cependant quelques scènes ont du naturel et du pathétique, et l’on peut présumer que, s’il se trouve une actrice douée des qualités extérieures de mademoiselle Raucourt, cette tragédie sera revue avec plaisir, quoique l’examen du cabinet lui soit peu favorable.

Blin avait des qualités sociales qui lui procurèrent des protecteurs. Avant la Révolution, il fut censeur royal, historiographe des ordres de Saint-Michel et du Saint-Esprit, et secrétaire de la société philanthropique. Cette société qui, selon les opinions du temps, voulait substituer la bienfaisance à la charité chrétienne, comptait Louis XVI parmi ses souscripteurs. Un jour ce prince honora Blin d’une distinction flatteuse.

La société étant allée lui rendre compte de ses travaux : « Messieurs, dit le roi, sommes-nous bien riches cette année... Quel est celui d’entre vous qui s’appelle M. Blin de Saint-Maur ? » Ce dernier s’approcha, et fut présenté par le duc de Charost. Le roi, après Iui avoir fait compliment, ajouta : « Je vous connais mieux que vous ne croyez. » L’explication de cette énigme est que Louis XVI recevait depuis quelque temps des notes littéraires de Blin à qui il les avait fait demander par un tiers.

Dépouillé de ses places et de ses pensions, Blin dut à la bonté du roi la place de bibliothécaire conservateur de la bibliothèque de l’Arsenal. Au moment où il mourut, il se mettait sur les rangs pour remplir une des places vacantes à l’Académie Française.

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