LA FRANCE PITTORESQUE
22 septembre 19 avant J.-C. :
mort de Virgile
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Publié le jeudi 20 septembre 2012, par Redaction
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Auguste, retournant de l’Orient à Rome, passa par Athènes, où il trouva Virgile qu’il pressa de profiter de l’occasion pour revenir avec lui à Rome. Virgile y consentit, et s’embarqua quoique malade. Les fatigues de la navigation augmentèrent sa maladie ; et débarqué à Brindes, il y mourut. On dit que, se sentant mourir, il se fit l’épitaphe suivante ; pour l’entendre, il faut savoir que mourant à Brindes, il avait ordonné que ses restes fussent portés à Naples :

Mantua me genuit, Calairi rapuere, tenet mens
Parthenope. Cecini pascua, rura, duces.

Nous avons vraisemblablement son poème de l’Enéide moins défectueux qu’il ne l’avait laissé ; et les défauts de cet ouvrage le frappaient sûrement bien plus qu’ils ne nous frappent. Il n’avait jamais voulu en lire à Auguste que le second, le quatrième et le sixième livre. On sait combien les vers sur Marcellus arrachèrent de larmes à Auguste, et surtout à Octavie, mère de ce jeune prince. Virgile, beaucoup trop sévère pour son ouvrage, ordonna par son testament qu’il fût brûlé, n’ayant pu obtenir pendant sa maladie qu’on lui donnât son manuscrit pour le brûler lui-même.

Auguste, qui connaissait les trois livres dont nous avons parlé, et qui sentait que ces trois seuls livres demandaient grâce pour tout le reste de l’ouvrage, quelque défectueux qu’il pût être, ne voulut pas que le testament fut exécuté en ce point. On a même de lui sur ce sujet des vers pleins de sentiment, où il accuse l’injustice de l’auteur. Il se fait l’objection du respect que les lois mêmes exigent pour la dernière volonté des morts ; cette raison ne l’arrête point :

Auguste voulut seulement que Plotius-Tucca et Varius, dans lesquels il savait que Virgile avait toujours eu la plus grande confiance, et qui en étaient très dignes, revissent ce poème, en retranchassent avec réserve ce qu’il leur semblerait que Virgile n’aurait pas pu laisser ; mais qu’ils n’ajoutassent rien, et qu’ils n’achevassent pas même les vers commencés ; et c’est dans cet état que nous l’avons.

Virgile, né sans fortune, mourut assez riche pour laisser par son testament des sommes considérables à Tucca, à Varius, à Mécène, à Auguste même, qui aimait que ses amis lui donnassent cette dernière marque d’attachement.

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