LA FRANCE PITTORESQUE
16 septembre 1380 : mort du roi
de France Charles V, surnommé le Sage
()
Publié le mercredi 12 septembre 2012, par Redaction
Imprimer cet article

Charles V, entre bien des éloges, en a mérité un qui doit servir d’instruction à tous les rois : c’est que jamais prince ne se plut tant à demander conseil, et ne se laissa moins gouverner que lui. Edouard disait, « qu’il n’y eut onc roi qui si peu s’armât, et qui lui donnât tant d’affaires. »

En effet, il ne parut jamais à la tête de ses armées, dont il donna le principal commandement au connétable Duguesclin ; mais sa rare prudence répara les malheurs qui avaient affligé la France pendant le règne du roi Jean : elle lui fit reprendre sur les Anglais, sans sortir de son cabinet, presque tout ce que son père et son grand-père, avec du courage et bien des peines, avaient perdu en combattant en personne ; et la gloire de ce règne fut d’avoir eu en même temps le prince le plus sage et le général le plus habile.

Charles V

Charles V

La marine fut presque oubliée en France, après la mort de Charlemagne ; elle commença à renaître sous saint Louis, le premier de nos rois qui ait eu un officier principal, avec le titre d’amiral. La guerre avec l’Angleterre rendit la marine plus considérable sous Charles V, par les soins de son amiral, Jean de Vienne, seigneur de Rollans.

Cet amiral disait que les Anglais n’étaient jamais plus faibles que chez eux. Les règnes suivants laissèrent la marine dans l’oubli, ainsi que le commerce, dont il n’était seulement pas question ; mais l’un et l’autre ont reparu avec éclat sous le ministère du cardinal de Richelieu, et ont été élevés au plus haut degré de splendeur par Colbert, et par Seignelay, son fils, sous le règne de Louis XIV.

On peut regarder Charles V comme le véritable fondateur de la bibliothèque du roi : ce prince aimait fort la lecture, et c’était lui faire un présent très agréable que de lui donner des livres ; il parvint à en rassembler environ neuf cents, nombre bien considérable pour un temps où l’imprimerie n’avait pas encore été inventée, et pour un prince à qui le roi Jean, son père, n’avait laissé qu’une vingtaine de volumes au plus.

La bibliothèque de Charles V était composée de livres de dévotion, d’astrologie, de médecine, de droit, d’histoire et de romans, peu d’anciens auteurs des bons siècles, pas un seul exemplaire des ouvrages de Cicéron ; et l’on n’y trouvait de poètes latins qu’Ovide, Lucain et Boèce ; des traductions en français de quelques auteurs, comme les politiques d’Aristote, Valère-Maxime, la Cité de Dieu, la Bible, etc. Charles V les fit placer dans une des tours du Louvre, que l’on nomma la tour de la Librairie.

C’est de ces faibles commencements que s’est formée la bibliothèque royale, dont il aurait été difficile alors de prévoir l’éclat et la grandeur ; elle fut considérablement augmentée par les soins de Louis XII et de François Ier ; mais ce fut principalement sous les règnes de Louis XIV et de Louis XV qu’elle fut portée à ce degré d’immensité et de magnificence, qui la rendirent la plus riche et la plus précieuse bibliothèque du monde.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE