LA FRANCE PITTORESQUE
13 septembre 1666 : embrasement
de la ville de Londres
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Publié le mardi 11 septembre 2012, par Redaction
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Il n’y avait pas longtemps que cette ville avait été ravagée par la peste, lorsqu’elle fut frappée d’un fléau qui jeta le peuple dans une extrême consternation. Un incendie, qui prit naissance dans la maison d’un boulanger, près du pont, se répandit si rapidement, qu’il ne put être arrêté par tous les efforts humains, qu’après avoir consumé la plus grande partie de la ville. Environ six cents rues et treize mille maisons furent réduites en cendres.

Les causes de ce malheur étaient évidentes : la disposition des rues de Londres, qui étaient fort étroites ; celles des maisons, la plupart de bois ; la sécheresse de la saison et la violence d’un vent d’est ; enfin, le concours de toutes ces circonstances suffisait pour expliquer la destruction qu’elles produisirent ; mais le peuple ne fut pas content de cette explication.

Une rage aveugle fit attribuer l’infortune publique par les uns, aux républicains ; par d’autres, aux catholiques, quoiqu’il ne fût pas aisé de concevoir quel avantage l’incendie de Londres pouvait apporter à l’un ou l’autre des deux partis. Le bruit qui en accusait les catholiques fut le plus favorablement reçu ; et quoique les plus exactes recherches du parlement n’eussent trouvé aucune apparence de preuve, néanmoins, pour flatter la prévention du peuple, l’inscription qui fut gravée par autorité, sur le monument de l’incendie, l’attribuait aux catholiques.

Ce terrible accident, arrivé après une funeste contagion et au fort d’une guerre malheureuse contre la Hollande, paraissait irréparable ; cependant, à l’étonnement de l’Europe, la ville de Londres fut rebâtie en trois années beaucoup plus belle, plus régulière, plus commode qu’elle n’était auparavant. Un seul impôt sur le charbon, et l’ardeur des citoyens suffirent à ce travail immense. Ce fut un grand exemple de ce que peuvent les hommes, et qui rend croyable ce qu’on rapporte des anciennes villes de l’Asie et de l’Egypte, construites avec tant de célérité.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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