Charles-Quint, de retour de l’expédition d’Afrique, où il avait battu Barberousse, et rétabli le roi de Tunis, s’imagina que rien ne pouvait plus lui résister ; l’idée qu’il n’abandonna jamais de la monarchie universelle, lui fit rejeter les propositions de paix du roi de France.
Il entre en Provence à la tête de quatre-vingt mille hommes, et met le siège devant Marseille. Il amenait avec lui Paul Jove, son historien, auquel il avait dit de faire provision d’encre et de papier, parce qu’il allait lui tailler de la besogne.
Charles-Quint était tellement assuré du succès, qu’il demandait à un gentilhomme français, son prisonnier, combien il y avait de journées de Marseille à Paris. Le gentilhomme lui répondit : « Si par journées vous entendez des batailles, il peut y en avoir seize, à moins que vous ne soyez battu dès la première. »
Les habitants de Marseille se défendirent avec le plus grand courage, et le connétable Anne de Montmorency, étant accouru avec quelques troupes, Charles-Quint fut contraint de se retirer avec perte de presque toute son armée, dont les tristes débris repassèrent précipitamment les Alpes, avec le général et l’historien. Alors il consentit à une trêve de dix ans, que le pape avait ménagée.
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