LA FRANCE PITTORESQUE
8 septembre 1637 : mort du médecin
et astrologue Robert Fludd
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Publié le vendredi 7 septembre 2012, par Redaction
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Robert Fludd, l’un des principaux théosophes du XVIIe siècle, naquit, en 1574, dans le comté du Kent. Sa première idée fut d’embrasser la profession des armes ; mais il y renonça bientôt, et alla étudier à Oxford, où la médecine fut l’objet principal de ses occupations. Il exerça cet art dans la suite à Londres, où il termina sa carrière.

Robert Fludd

Robert Fludd

Fludd fut, sous tous les rapports, l’un des hommes les plus remarquables de son siècle, et sans l’extrême mobilité de son imagination, sans le penchant décidé qui l’entraînait irrésistiblement [vers tout ce qui porte le caractère du merveilleux, il aurait brillé au premier rang, avec ses illustres contemporains, Kircher, Mersenne et Gassendi. On l’a comparé à Paracelse sous le rapport de l’enthousiasme et du mysticisme, mais il était infiniment supérieur à ce dernier, et ses vastes connaissances, tant en médecine qu’en physique et en chimie, lui permirent de faire une application bien plus étendue et plus extraordinaire des rêveries théosophiques auxquelles l’entraîna son cerveau délirant.

Malheureusement il a écrit en termes si obscurs, qu’il est difficile, souvent même impossible, de se former une idée exacte de ses principes philosophiques. Eclectique par goût, quoiqu’au fond disciple de l’école de Paracelse, il entreprit de concilier ensemble les choses les plus disparates et les plus incohérentes, telles que les récits des deux Testaments et des Pères de l’Eglise, les obscurs mystères de la cabale judaïque et les opinions excentriques des astrologues. L’extérieur de piété, qu’il affectait toujours, et la vie contemplative dont il s’était fait un système, joints à la bizarrerie de son jargon scientifique, lui procurèrent une célébrité extraordinaire.

Son système physique est raisonnable au fond : ce sont seulement les accessoires et les détails qui le rendent absurde. A l’exemple de Campanella, il admettait deux principes de toutes choses, la vertu boréale ou condensation, qui est produite par le froid, et la vertu australe ou raréfaction, qui dépend de la chaleur. Ces deux principes ne sont autre chose que les forces centripète et centrifuge des physiciens modernes, dont l’admission, au reste, remonte jusqu’à l’enfance même de la philosophie, puisqu’on ne saurait expliquer les phénomènes naturels sans avoir recours au moins à deux forces opposées.

Mais Fludd avait la tête trop exaltée pour s’arrêter à des idées aussi simples, et, ne trouvant pas assez de ces deux causes naturelles ; il remplit l’univers d’intelligences, d’esprits, de génies, chargés de faire naître les phénomènes. On peut à peine le suivre dans l’exposition de sa doctrine, qui n’est au fond que l’alexandrinisme reproduit sous une autre forme, car le caractère particulier de son style, et la singulière terminologie qu’il avait adoptée, portent partout l’obscurité et la confusion.

Ce qu’on aperçoit clairement néanmoins, c’est que ce fut lui très probablement qui fournit à Van Helmont l’idée de l’archée et de toutes les puissances secondaires dont cet illustre chef de secte peupla, en quelque sorte, l’économie animale. On lui a fait honneur de la découverte du thermomètre, parce qu’il a donné la gravure d’un instrument de ce genre, dont il assurait avoir trouvé l’esquisse dans un manuscrit, datant au moins de cinq siècles ; mais ses paroles mêmes témoignent assez qu’il y a mauvaise foi de sa part, puisqu’elles feraient remonter l’invention du thermoscope à des temps où l’on ne s’occupait ni de physique, ni de mécanique. Ses ouvrages sont rares, parce que plusieurs parurent tellement scandaleux, qu’on les supprima.

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