LA FRANCE PITTORESQUE
4 septembre 1784 : mort de
César-François Cassini de Thury
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Publié le dimanche 4 septembre 2016, par Redaction
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Né le 17 juin 1714, maître des comptes, directeur de l’Observatoire, astronome et cartographe, fils de l’astronome Jacques Cassini (1677-1756), il n’avait pas vingt-deux ans quand il fut reçu à l’académie des sciences comme adjoint surnuméraire. Ses premières études avaient été dirigées par Maraldi, et son nom lui imposait de grands devoirs : il les remplit.

Les recueils de l’académie contiennent beaucoup de Mémoires de lui ; mais un grand ouvrage, qui porte le nom de sa famille, fut surtout l’objet de ses soins. « On avait, dit Condorcet, formé le projet de faire une description géométrique de la France. Le jeune Cassini conçut le plan plus étendu de ne pas borner cette description à la détermination des points des grands triangles qui devaient embrasser toute la surface du royaume, mais de lever le plan topographique de la France entière ; de déterminer par ce moyen la distance de tous les lieux à la méridienne de Paris et à la perpendiculaire de cette méridienne. Jamais on n’avait formé, en géographie, une entreprise plus vaste et d’une utilité plus générale.

César-François Cassini. Peinture de Jean-Marc Nattier

César-François Cassini. Peinture de Jean-Marc Nattier

« (...) Une entreprise si utile, mais en même temps si difficile, exigeait de la part du gouvernement des secours extraordinaires, et Cassini en obtint. Le feu roi (Louis XV), qui avait appris la géographie dans son enfance du célèbre Guillaume de l’Isle, avait conservé pour cette science un goût assez vif. » Le gouvernement cessa de donner des fonds en 1750. « Cassini forma le plan d’une compagnie qui se chargerait des avances, et qui, devenue propriétaire de l’entreprise, retirerait ses fonds sur la vente des cartes.

« (...) L’entreprise se continua sous cette nouvelle forme avec plus de rapidité et de méthode. Bientôt le gouvernement accorda quelques encouragements ; différentes provinces contribuèrent à la dépense, et Cassini a eu la consolation de voir terminer presque entièrement un travail si étendu, et d’en devoir à lui-même presque tout le succès. »

Cassini mourut de la petite-vérole, le 4 septembre 1784. Son fils Jean-Dominique Cassini continua la belle entreprise de ces cartes. Le 15 octobre 1789, il fit hommage à l’assemblée nationale de cent quatre-vingts de ces feuilles, pour le travail de la nouvelle division de la France en départements. Cette belle collection, connue sous le nom de Carte de l’académie, et mieux encore sous celui de Carte de Cassini, s’étend jusqu’à la partie de la Flandre que les troupes françaises avaient occupée dans la guerre de 1741.

Ce magnifique ouvrage fit une révolution en géographie, et servit de modèle à tous les grands travaux exécutés depuis en ce genre. Tout y est rapporté à la méridienne et à la perpendiculaire de l’Observatoire de Paris ; la projection est celle des cartes plates, et l’échelle est d’une ligne pour cent toises , soit d’un 86400e. Les cent quatre-vingt-une grandes feuilles composant ce chef-d’œuvre de géodésie peuvent se réunir et former une seule carte de trente-trois pieds de haut sur trente-quatre de large, le plus grand morceau de topographie qui ait jamais été exécuté.

Reçu à l’Académie des sciences à l’âge de 21 ans, il s’occupa de la vérification de la méridienne qui passe par l’Observatoire, et y corrigea quelques petites erreurs.

On forma bientôt après le projet d’une description géométrique de la France : le jeune Cassini s’attacha à ce travail avec toute l’activité de son âge, et y consacra jusqu’à sa mort une grande partie de ses soins. On envoya des ingénieurs et des arpenteurs dans toute l’étendue de la France, pour lever des plans et tracer des cartes où les plus petits détails sont rendus avec fidélité.

Les géographes ne se sont pas bornés à marquer tous les objets, même jusqu’à des chaumières isolées ; ils y ont figuré le terrain, autant qu’il a été possible. Le gouvernement accorda des encouragements à cette entreprise intéressante ; et Cassini qui les avait sollicités, a eu la satisfaction de voir terminer presque entièrement un travail si long et si difficile.

Le désir de perfectionner l’astronomie et la géographie lui avait fait entreprendre quelques voyages ; il fut accueilli avec distinction à Vienne, par l’empereur François Ier, l’impératrice-reine, et divers autres princes de l’Empire.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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