Après le combat de Carpi, le maréchal de Calinat ayant été obligé de reculer derrière l’Oglio, les courtisans, et surtout ceux qui espéraient commander à sa place, firent regarder cette retraite comme l’opprobre du nom français : le maréchal de Villeroi persuada qu’il réparerait l’honneur de la nation ; il parlait avec une grande confiance ; le monarque l’aimait, et le présomptueux favori alla donner des ordres au vainqueur de Staffarde et de la Marsaille.
Le nouveau général, à son arrivée, ordonne d’attaquer le prince Eugène au poste de Chiari, près de l’Oglio ; les officiers-généraux lui observèrent que les retranchements en étaient inabordables, qu’on ne gagnerait rien en le prenant, et que si on le manquait, on perdrait la réputation de la campagne : Villeroi persiste, et envoie un aide de camp ordonner de sa part au maréchal de Calinat de commencer l’attaque. Catinat se fit répéter l’ordre trois fois ; puis se tournant vers les officiers qu’il commandait : « Allons donc, dit-il, messieurs, il faut obéir. »
On marcha aux retranchements. Catinat chercha à se faire tuer : il fut blessé ; mais tout blessé qu’il était, voyant les troupes entièrement rebutées, et le maréchal de Villeroi ne donnant point d’ordre, il fit la retraite ; après quoi il quitta l’armée, et vint à Versailles rendre compte de sa conduite, sans se plaindre de personne.
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