LA FRANCE PITTORESQUE
31 août 1823 : prise du Trocadéro
par l’armée française
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Publié le mardi 28 août 2012, par Redaction
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L’ordonnance d’Andujar (8 août 1823), tel est le monument civil, la prise du Trocadéro, tel est le trophée militaire de cette promenade en Espagne. Les Cortès avaient forcé Ferdinand VII à se renfermer avec elles à Cadix : l’armée française en formait le blocus. Toute négociation étant rompue, on s’occupa des préparatifs d’attaque, et surtout de celle du Trocadéro, position importante, en ce qu’elle défendait l’entrée du port intérieur, et empêchait les vaisseaux français de coopérer activement aux opérations du siège entre Cadix etl’île de Léon ; aussi les Espagnols en avaient-ils augmenté les fortifications, au moyen d’une coupure de trente-cinq toises, qui en avait fait une île, en face de Puerto-Reale, défendue par plus de cinquante pièces de canon et par dix-sept cents hommes d’élite.

C’est contre cette position que se dirigèrent les premiers efforts de l’armée française. Le 30 août, à la pointe du jour, on ouvrit une forte canonnade, dans le but d’intimider et de fatiguer la garnison. Le 31, à deux heures du matin, on prit les armes sur toute la ligne. Quatorze compagnies d’élite, cent sapeurs et une compagnie d’artilleurs défilèrent par la tranchée dans le plus grand silence, et se formèrent en une colonne, à quarante pas de la coupure.

Il leur était ordonné de franchir le canal et de marcher, sans tirer, aux retranchements. Ces ordres furent exécutés avec précision. La colonne d’attaque, entrée dans la tranchée, et arrivée au couronnement de la seconde parallèle, se formait, à la faveur de la nuit, dans un silence tel que l’ennemi ne s’aperçut qu’il allait être attaqué, qu’au moment où la colonne se déployait, à quarante pas de la coupure.

Les soldats s’y jettent au pas de course, ayant de l’eau jusqu’à la poitrine, au milieu d’une pluie de balles et de mitraille. Arrivés aux retranchements, ils s’élancent avec la même ardeur à travers les chevaux-de-frise ; les batteries de leurs fusils et leurs munitions avaient été mouillées : ils enlèvent les retranchements à la baïonnette. Un grand nombre de soldats espagnols tombent sous leurs coups ; le reste fuit : presque tous les artilleurs se font tuer sur leurs pièces, dont on s’empare, et qu’on tourne contre l’ennemi : ce fut l’affaire d’une demi-heure.

Il ne restait plus à prendre que le fort Saint-Louis. Avant neuf heures du matin, les Français étaient maîtres de la totalité de l’isthme. Deux à trois cents Espagnols se sauvèrent à la faveur de leurs chaloupes. On en comptait environ cent cinquante tués et trois cents blessés ; les autres, officiers et soldats, furent faits prisonniers. De leur côté, les Français n’avaient eu que cent trente à cent quarante hommes tués ou blessés.

Le duc d’Angoulême n’était pas du nombre, et quoiqu’on ait vanté son courage, sa prudence l’avait encore mieux servi. Le prince de Carignan ayant voulu marcher comme volontaire, dans les rangs des grenadiers, avait escaladé l’un des premiers les retranchements ennemis. Les soldats français l’en récompensèrent en le décorant d’une paire d’épaulettes de laine. C’étaient celles d’un de leurs plus braves camarades tué dans l’action.

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