LA FRANCE PITTORESQUE
27 août 1572 : mort funeste
du philosophe Pierre de La Ramée
dit Petrus Ramus
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Publié le samedi 25 août 2012, par Redaction
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Pierre de La Ramée, savant professeur au Collège-Royal, et principal du collège de Presle, fut un des hommes les plus célèbres et les plus malheureux du seizième siècle. Né avec un esprit réformateur, il s’éleva d’abord au-dessus de son siècle ; la scolastique le révolta. Il voulut détrôner Aristote, le prince des philosophes, qui régnait dans toutes les écoles de l’Université de Paris ; toute l’Université se souleva, Ramus fut poursuivi, comme ennemi d’Aristote, au Châtelet, puis au parlement.

Pierre de La Ramée

Pierre de La Ramée

François Ier évoqua celte grande affaire, et la mit en arbitrage ; les arbitres déclarèrent, que témérairement et insolemment, Ramus s’était élevé contre le prince des philosophes. On condamna les livres de Ramus, et on lui défendit d’enseigner la philosophie. Il en obtint néanmoins la permission quelque temps après, par le crédit du cardinal de Lorraine, qui lui obtint, dit Bayle, « la main-levée de sa plume et de sa langue. »

Le goût général que Ramus avait pour la réforme, et les persécutions qu’il avait éprouvées au sujet d’Aristote, le jetèrent dans le parti calviniste ; il fut alors chassé du collège de Presle, et même obligé de quitter Paris, pour échapper à la persécution ; mais Charles IX qui l’aimait, lui donna un asile à Fontainebleau, où, placé au milieu de la bibliothèque royale, il se consola par l’étude et par le travail ; mais bientôt on le chassa de cet asile ; il fut obligé d’errer de retraite en retraite, jusqu’à la mort du duc de Guise, en 1563 ; il fut alors rétabli dans sa charge de principal du collège de Presle, et dans sa chaire au Collège-Royal, places qui lui étaient ôtées et rendues tour à tour à chaque renouvellement d’hostilités, et à chaque pacification entre les deux partis.

Ramus s’absenta pendant quelque temps, pour aller visiter les universités d’Allemagne, et fut reçu partout avec la plus grande distinction. Il demanda la chaire de théologie de Genève, qu’il eût obtenue sans les cabales de Théodore de Bèse. Il eut le malheur de revenir à Paris , vers la fin de l’année 1571, et y fut assassiné l’année suivante à la Saint-Barthélemy. Dans le premier moment du massacre , Ramus s’était sauvé dans une cave, où il resta caché pendant deux jours ; un de ses ennemis, nommé Charpentier, découvrit sa retraite ; Ramus lui offrit de l’argent ; l’argent désarme des voleurs, et non des ennemis ; Charpentier se montra l’un et l’autre, il prit l’argent de Ramus, et le livra aux assassins.

Ramus occupa trois chaires au Collège-Royal : celle de philosophie, celle d’éloquence latine, celle de mathématiques, et il en fonda une, qu’il mit au concours, la chaire de Ramus. C’est à lui qu’on doit la distinction du j et du v consonnes, de l’i et de l’u voyelles. Les deux premières lettres sont appelées de son nom, consonnes Ramistes. Il réforma aussi, mais non pas sans beaucoup d’obstacles, la prononciation vicieuse du q latin, qu’on prononçait alors comme le k, de façon qu’on disait, kiskis, kankam, au lieu de quisquis, quanquam.

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