LA FRANCE PITTORESQUE
25 août 1797 : mort de l’écrivain et homme politique Jean-Baptiste Louvet de Couvray
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Publié le vendredi 24 août 2012, par Redaction
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Jean-Baptiste Louvet de Couvray n’est généralement connu que comme homme de lettres, et spécialement comme auteur des Amours du chevalier de Faublas, héros longtemps chéri de tous les jeunes gens, et que Bonaparte lui-même avoue avoir beaucoup aimé jusqu’à vingt ans. Cependant Louvet mérite une place dans la mémoire : membre de la Convention nationale, il resta inflexible républicain, s’asseyant parmi les Girondins, et le premier dénonça l’obscure et hypocrite ambition de Robespierre.

Jean-Baptiste Louvet de Couvray

Jean-Baptiste Louvet de Couvray

Il avait vingt-quatre ans et commençait à être connu dans le monde littéraire, lorsque l’année 1789 vint arracher le pouvoir aux préjugés et aux privilèges, pour le donner au courage, au mérite. Louvet se fit écouter avec faveur aux Jacobins alors non encore sanglants, et le vertueux Roland lui confia la rédaction de la Sentinelle. Député du Loiret à la Convention nationale, il s’attacha au parti de la Gironde, si riche en talents, et le fortifia de sa parole impétueuse et spirituelle, et de sa fermeté audacieuse.

Ce fut Louvet qui, dans la séance du 29 octobre 1792, releva le gant que Robespierre avait jeté. « Personne n’osera m’accuser en face, s’était écrié le futur dictateur, impudent parce qu’il se sentait populaire. — C’est moi qui t’accuse, Robespierre », dit Louvet, en le couvrant de son regard ; et tout aussitôt, déroulant la vie passée du héros de la populace, avec la terrible éloquence du vainqueur de Catilina, il l’écrasa sous une série de faits, dont il faisait précéder chacun de cette terrible formule : « Robespierre, je t’accuse ! » et Robespierre, pâle, tremblant, balbutiant, demanda huit jours pour répondre, ou plutôt pour ne pas répondre, et au bout de huit jours il revint en triomphateur réciter quelques phrases banales qui furent couvertes d’applaudissements, et l’ordre du jour fut adopté contre l’accusation.

Lors du procès du roi, Louvet vota pour la peine capitale, avec sursis de l’exécution jusqu’après l’établissement de la constitution ; ainsi sa voix fut comptée contre la mort. Au mois de mai 1793, Robespierre prit sa revanche contre la Gironde. Plus heureux que la plupart de ses collègues, Louvet échappa aux assassinats juridiques.

Errant dans les campagnes, il écrivait encore contre les Montagnards, qui le mirent hors la loi. Le 9 thermidor (29 juillet 1794) fit rentrer Louvet sur la scène politique. Il reparut à la Convention, et plus tard, dans le conseil des Cinq-Cents ; mais jamais il ne dévia de la ligne qu’il s’était tracée. Il ne sacrifia jamais ses principes républicains à aucune considération, et tel on l’avait vu au point de départ, tel on le retrouva au bout de la carrière, que les fatigues de la tribune et les continuelles agitations de l’époque abrégèrent.

Quelques ouvrages dramatiques, des publications périodiques, et des brochures sur les événements occupèrent les loisirs d’une vie si pleine et si tourmentée. Madame Roland, à qui nous devons quelques esquisses bien tracées des personnages de la Révolution, a donné dans ses Mémoires le portrait le plus flatteur de Louvet de Couvray :

« Les gens de lettres et les personnes de goût, dit-elle, connaissent ses jolis romans, où les grâces de l’imagination s’allient à la légèreté du style, au ton de la philosophie, au sel de la critique. La politique lui doit des objets plus graves, dont les principes et la manière déposent en faveur de son âme et de ses talents. Il est impossible de réunir plus d’esprit à moins de prétentions et plus de bonhomie. Courageux comme un lion, simple comme un enfant, homme sensible, bon citoyen, écrivain vigoureux, il peut faire trembler Catilina à la tribune, dîner chez les Grâces et souper avec Bachaumont. »

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