LA FRANCE PITTORESQUE
22 août 1350 : mort du roi de France
Philippe VI, dit de Valois
()
Publié le lundi 20 août 2012, par Redaction
Imprimer cet article

« Quoiqu’il n’eût que cinquante-sept ans , il mourut vieux et cassé (dit Brantôme) ; il avait épousé en secondes noces Blanche d’Evreux, qui n’avait que dix-sept ans ; c’était la plus belle princesse de son temps ; il l’aima beaucoup, et elle avança ses jours. »

Philippe VI, premier roi de la branche collatérale des Valois, était fils de Charles, comte de Valois, troisième fils du roi Philippe le Hardi ; il était monté sur le trône en 1328, après la mort du roi Charles IV, son cousin, à l’exclusion d’Edouard III, roi d’Angleterre, qui prétendait à cet honneur, comme neveu du roi défunt, par sa mère Isabelle, sœur du roi Charles IV ; mais la loi salique, qui excluait les filles du trône de France, était depuis longtemps une loi fondamentale de l’Etat, et le roi Edouard ne pouvait avoir, par sa mère, un droit que sa mère n’avait pas.

Philippe reçut d’abord de ses peuples le nom de Fortuné, qu’il perdit bientôt par les malheurs de tout genre qui affligèrent son règne. « Philippe de Valois, dit Mézeray, n’eut aucun bonheur, que la victoire de Cassel ; car, comme si la fortune se fût toujours préparée pour traverser ses desseins, elle semblait rendre imprenables les moindres places qu’il assiégeait, et affaiblir ses meilleures villes. Sa vertu ni son grand courage ne lui servaient de rien. Les capitaines qui s’étaient signalés en prenant les armes contre lui, cessaient de combattre quand il était question de le défendre. »

Ses desseins les plus cachés étaient découverts dès leur naissance ; ceux de son ennemi ne lui paraissaient que quand ils étaient exécutés. Philippe voulait combattre, mais ses gens ne le voulaient pas ; et si ce prince ne le voulait pas, ses troupes donnaient la bataille à contretemps. Enfin, par mer et par terre, par soi et par ses lieutenants, ce monarque trouva toujours la fortune contraire, trahi misérablement par la plupart des siens, et peu aimé des autres. »

Mézeray, dans ce passage, a principalement en vue la bataille navale de l’Ecluse, donnée contre les Anglais , où les amiraux de Philippe perdirent soixante-dix vaisseaux et vingt mille hommes ; la bataille encore plus funeste de Crécy, où trente mille Français restèrent sur le champ de bataille, et la prise de Calais, cette clef de la France que les Anglais gardèrent jusqu’en 1558. A tous ces malheurs se joignit un fléau d’une autre espèce : une peste mortelle, qui avait fait le tour du monde, et qui avait dépeuplé l’Asie et l’Afrique, vint alors ravager l’Europe, et enleva la quatrième partie des hommes en France ; c’est une des causes qui ont fait que, dans nos climats, le genre humain ne s’est pas multiplié dans la proportion où l’on croit qu’il devrait l’être.

Philippe de Valois fut le premier qui força ses peuples à prendre du sel dans ses greniers, ce qui le faisait appeler, par jeu de mots, le roi de la loi salique — Edouard faisait en même temps allusion à la loi par laquelle Philippe l’avait exclu du trône de France —, par Edouard, qu’il appelait par représailles le marchand de laines, à cause que celui-ci, par le commerce des laines, entretenait l’amitié des Flamands, ennemis de Philippe.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE