LA FRANCE PITTORESQUE
19 août 1662 : mort du mathématicien
et philosophe Blaise Pascal
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Publié le dimanche 19 août 2012, par Redaction
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De toutes les réputations auxquelles le jansénisme a eu part, il n’y en a pas qui ait obtenu aussi pleinement la sanction publique, que celle de Pascal. Cet avantage unique d’avoir deviné ce que la langue devait et allait devenir, et d’avoir écrit comme les meilleurs auteurs n’écrivirent que longtemps après, distinguera toujours Pascal, même parmi les hommes de génie. « Les meilleures comédies de Molière (dit Voltaire) n’ont pas plus de sel que les premières Provinciales. Bossuet n’a rien de plus éloquent que les dernières. »

Pendant les deux dernières années de sa vie, Pascal fut tourmenté par tous les maux du corps et de l’esprit : il eut, en 1661, la douleur de voir naître cette longue persécution sous laquelle la maison de Port-Royal succomba enfin dans la suite. Il fut attaqué, au mois de juin 1662, d’une colique très aiguë et presque continuelle, qui ne lui permettait que des moments de sommeil.

Blaise Pascal

Blaise Pascal

Les médecins qui le traitaient ne regardèrent pas son état comme dangereux ; mais il était fort éloigné d’avoir la même sécurité : dès le premier moment, il dit qu’on y serait trompé, et qu’il mourrait de cette maladie. En effet ses douleurs augmentèrent : à la colique qui déchirait ses entrailles, se joignirent de violents maux de tête et des étourdissements très fréquents.

Bientôt ses souffrances devinrent insupportables. Jamais cependant il ne laissa échapper le moindre mouvement d’impatience. Le 17 août, il lui prit une convulsion si forte qu’on le crut mort : il reprit connaissance, et se souleva de son lit de douleur pour recevoir le viatique : un moment après ses convulsions le reprirent et ne le quittèrent plus. Il mourut le 19 août 1662, à l’âge de trente-neuf ans et deux mois. Son corps ayant été ouvert, on trouva qu’il avait l’estomac et le foie flétris, les intestins gangrenés. On remarqua avec étonnement que son crâne contenait une quantité énorme de cervelle, dont la substance était fort solide et fort condensée.

Cet homme extraordinaire reçut de la nature tous les dons de l’esprit : géomètre du premier ordre, dialecticien profond, écrivain éloquent et sublime. Si on se rappelle que dans une vie très courte, accablé de souffrances presque continuelles, il a inventé la machine arithmétique, les principes du calcul des probabilités, la méthode pour résoudre les problèmes de la roulette ; qu’il a fixé d’une manière irrévocable les opinions encore flottantes des savants, par rapport aux effets du poids de l’air ; qu’il a établi le premier, sur des démonstrations géométriques, les lois générales de l’équilibre des liqueurs ; qu’il a écrit un des ouvrages les plus parfaits de la langue française ; que cet ouvrage, publié en 1656, est antérieur de huit ans à la première tragédie de Racine ; que dans ses Pensées il y a des morceaux d’une profondeur et d’une éloquence incomparables ; on sera porté à croire que chez aucun peuple, dans aucun temps, il n’a existé de plus grand génie.

Blaise Pascal était né à Clermont en Auvergne, le 19 juin 1623. Il était fils d’Etienne Pascal, premier président de la cour des aides de cette ville.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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