LA FRANCE PITTORESQUE
15 août 1761 : signature du traité
ou du pacte de famille, entre le roi de France
et le roi d’Espagne
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Publié le mercredi 15 août 2012, par Redaction
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La cour de France n’avait pu entraîner le roi Ferdinand VI à partager les dangers d’une guerre maritime contre les Anglais. Le duc de Choiseul mit tout en usage pour décider Charles III, successeur de son frère Ferdinand, à la résolution magnanime d’assister les Français, vaincus sur toutes les mers.

Louis XIV eût à peine pu obtenir un pareil dévouement de son petit-fils, après l’avoir établi sur le trône. Une négociation pleine de franchise et de noblesse fut suivie entre les deux cours. Le traité qu’on obtint fut digne du beau nom qui lui fut donné : Pacte de famille. Par ce traité, conclu tant pour eux que pour le roi des Deux-Siciles, les rois de France et d’Espagne établissaient entre eux une perpétuelle alliance, convenaient de traiter en ennemie toute puissance ennemie de l’un d’eux, et s’engageaient à se fournir les secours nécessaires, à faire la guerre conjointement, à ne point faire de paix séparée.

On a trop voulu le juger d’après les résultats peu satisfaisants qu’il produisit d’abord. Il est bien vrai que l’Espagne compromit sa marine sans relever la nôtre, et qu’elle ne put diminuer, ni pour nous ni pour elle-même, les affronts de la paix. Mais le pacte de famille, ainsi que tous les traités qui reposent, non sur des passions mobiles, mais sur des intérêts permanents, eut des conséquences étendues.

Ce fut par lui que l’avide Angleterre fut contenue pendant près de quinze ans. On dut aussi au traité de pouvoir recommencer après cet intervalle une guerre maritime qui rendit à la Grande-Bretagne des rivaux sur les mers. Mais quel effet n’eût-on pas dû se promettre du pacte de famille, s’il eût été conclu cinq ans plus tôt (avant la guerre de sept ans) ; si la France n’eût point été précipitée dans une ligue contre un souverain que tout liait à ses intérêts (le roi de Prusse) ; si elle ne se fût laissée humilier, enchaîner, appauvrir par les deux traités de Versailles, conclus avec l’Autriche ? Le pacte de famille ne fut rompu qu’après la mort de Louis XVI.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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