LA FRANCE PITTORESQUE
9 août 1750 : quatrième distribution
des prix de l’Université de Paris
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Publié le mercredi 8 août 2012, par Redaction
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La première distribution des prix de l’Université de Paris avait eu lieu en 1747. Il n’y a avait alors de prix que pour la rhétorique, la seconde et la troisième. En 1748, le jeune Chamberjot avait concouru pour les prix de cette dernière classe. Son coup d’essai n’avait point été heureux : accoutumé à des triomphes faciles sur le petit théâtre qu’il remplissait, c’est-à-dire, dans son collège, il ne fut pas même nommé à l’Université ; en 1749, il eut, en seconde, un accessit ; la troisième fois, en 1750, étant en rhétorique, il compose pour les prix publics, et meurt dans l’intervalle de la composition à la distribution.

Le jour de la cérémonie arrive : le premier nom proclamé est le sien ; mais lorsqu’au lieu des fanfares et des chants d’allégresse qui appelaient le premier vainqueur pour recevoir la couronne des mains du premier président du parlement de Paris, on entendit partir des gradins où étaient assis ses camarades, ce cri lugubre : fato functus, on gémit et on continua tristement la proclamation. Le premier prix d’amplification française, c’était encore lui qui l’avait remporté, de même pour les premiers prix de vers et de version ; en un mot, il avait remporté les quatre premiers prix ; et semblable à ce fameux athlète, Arrachion, déclaré vainqueur après sa mort aux Jeux Olympiques, il n’avait laissé à ses concurrents les plus heureux que de secondes palmes dans tous les genres.

Lorsque M. Piat, alors syndic de l’Université, qui lisait la liste des vainqueurs, répéta pour la troisième, et enfin pour la quatrième fois ce nom : idem Alexander Claudius le Jau de Chamberjot, sa voix s’altéra, ses yeux se remplirent de larmes ; il déplora de si belles espérances si cruellement trompées ; il fit à ce sujet un petit discours tel que le cœur l’inspire dans un pareil moment : l’assemblée entière y répondit par des gémissements. Ce fut un spectacle d’attendrissement et de désolation, dont la mémoire s’était conservée dans l’Université de Paris.

Le jeune Chamberjot n’avait pas seize ans lorsqu’il mourut : il était arrière-petit-neveu du modeste et vertueux Lenain de Tillemont, dont la famille est aujourd’hui éteinte.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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