LA FRANCE PITTORESQUE
6 août 1705 : chaleur extraordinaire à Paris
(D’après « Mémoires de l’Institut national des sciences et arts » paru en 1802
et « Oeuvres complètes de François Arago » (Tome 8) paru en 1858)
Publié le dimanche 6 août 2023, par Redaction
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Ce jour-là, le thermomètre dont se servait Cassini depuis plus de deux décennies cassa en début d’après-midi sous l’effet de la chaleur intense, la température atteignant 39° C
 

S’il est difficile de bien fixer l’intensité d’un froid sans l’emploi d’un thermomètre, l’embarras est bien plus grand quand on veut préciser une chaleur exceptionnelle ressentie à une époque où tout instrument de mesure faisait défaut. Pour les froids excessifs, la congélation des rivières, des fleuves, des bras de mer, sont un signe certain sur lequel les historiens ne peuvent se tromper ; il n’en est pas de même d’une forte chaleur dont les effets peuvent souvent se confondre avec ceux d’une sécheresse, d’un grand vent méridional, etc.

Aussi n’avons-nous de grande précision que pour les indications recueillies depuis l’invention des thermomètres, st surtout depuis que ces instruments sont devenus comparables entre eux par les soins apportés dans leur construction. Comme le précise l’astronome et physicien François Arago (1786-1853) dans Sur l’état thermométrique du globe terrestre, leur invention ne remonte guère qu’à l’année 1590, et qu’avant 1700 ils n’étaient ni exacts ni comparables.

Entre 1682 et 1706, c’est-à-dire pendant 24 ans, les observations à Paris ont été faites à l’aide d’un thermomètre utilisé par le célèbre Cassini, exposé à la fenêtre du nord de la tour orientale de l’Observatoire, et au premier étage.

Le 6 août 1705, la chaleur fut si importante que ce thermomètre, cassa à deux heures et demie de l’après-midi. La liqueur du thermomètre, non seulement remplit la boule, mais même la fit éclater. Un mémoire de Lahire (année 1706) nous apprend que l’accident arrivé au thermomètre de Cassini eut lieu ce même jour pour la plupart des thermomètres à esprit-de-vin qui avaient été construits pour une échelle trop peu étendue.

Dans les parties méridionales de la France, la chaleur fut si grande, qu’en plusieurs endroits on fit cuire des œufs au soleil, et que la plus grande partie des vignes furent brûlées, ce qui n’était jamais arrivé dans ce pays-là.

Arago nous livre la table des plus grandes chaleurs observées annuellement à Paris, depuis 1705 jusqu’à 1853 :

Toutes les observations précédentes ont été faites avec des thermomètres placés au nord, à l’ombre, et autant que possible, au moins pour les plus modernes, à l’abri des réverbérations du sol. Si les boules de ces instruments avaient été noircies et exposées à l’action directe des rayon du soleil, précise Arago, ils auraient constamment marqué, par un temps calme, c’est-à-dire quand l’effet de la lumière solaire est au maximum, 8 ou 10° C de plus.

On se tromperait toutefois beaucoup, ajoute-t-il, si l’on croyait pouvoir conclure de là que, dans nos climats, la température des corps terrestres exposés aux rayons solaires ne dépasse jamais 46° C ou 48° C. Le sable, sur le bord des rivières ou de la mer, est souvent, en été, à la température de 65° C à 70° C.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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