LA FRANCE PITTORESQUE
28 juillet 1818 : mort du
mathématicien Gaspard Monge
(D’après « Éphémérides universelles ou Tableau religieux, politique,
littéraire, scientifique et anecdotique » (Tome 7), édition de 1834)
Publié le lundi 27 juillet 2015, par Redaction
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Ce savant illustre, l’un des fondateurs de l’Ecole polytechnique, ministre de la marine sous le gouvernement républicain et sénateur sous le régime impérial, naquit à Beaune le 9 mai 1746. Il était l’aîné de trois frères, que des dispositions prononcées portèrent dès l’enfance à l’étude des sciences exactes. Envoyé à Lyon dans un collège que dirigeaient les Pères de l’Oratoire, Monge y acquit des connaissances si étendues en physique, en chimie, et surtout dans les mathématiques, qu’à l’âge de seize ans il fut jugé digne de s’asseoir parmi ses maîtres.

Revenu dans sa ville natale, Monge en traça le plan avec une habileté d’autant plus remarquable, qu’il manquait de tous les instruments nécessaires pour ce travail. Un officier supérieur l’ayant recommandé au chef de l’Ecole du génie établie à Mézières, il y fut admis ; mais pour s’élever au-dessus des fonctions subalternes d’appareilleur, de conducteur des travaux de fortification, il fallut que, par des preuves multipliées d’un génie inventif et d’un savoir profond, Monge eût effacé le vice originel de roture dont il était entaché. Bientôt le célèbre Bossu, qui professait alors les mathématiques à Mézières, le demanda pour son suppléant : attaché au même titre à l’abbé Nollet, pour l’enseignement de la physique, il le remplaça au bout d’une année. Monge n’avait encore que vingt ans.

Gaspard Monge

Gaspard Monge

Vers cette époque, le jeune professeur découvrit cette théorie si ingénieuse et si utile, que l’on désigne sous le nom de Géométrie descriptive. « C’est, dit un biographe, un de ses principaux titres à la gloire et à la reconnaissance du public ; mais les méthodes simples et uniformes du géomètre-inventeur, méthodes reconnues depuis si éminemment utiles, non seulement aux architectes et constructeurs de grands ouvrages de fortifications, mais aussi aux charpentiers, maçons et tailleurs de pierres, se trouvaient en conflit avec l’ancienne routine de ces ouvriers.

Il éprouva l’opposition la plus opiniâtre pour faire passer sa doctrine dans l’enseignement de l’école de Mézières. Un vieux charpentier y obtint même, pour prix de sa résistance, le droit d’enseigner pendant le reste de sa vie sa pratique particulière pour les tracés de charpente, en dépit de la théorie générale et des démonstrations géométriques de Monge. Ce ne fut qu’après vingt ans de lutte que cette dernière triompha. »

Après la journée du 10 août, appelé au ministère par l’influence de Condorcet, il n’en sortit pas sans péril, à l’époque où les Girondins furent proscrits (mai 1793). En déposant le portefeuille, il avait promis de rester entièrement dévoué à la chose publique : il tint parole, et quand la France eut à repousser des guerres européennes, Monge déploya des ressources prodigieuses pour préparer, pour créer des instruments de tout genre à la défense commune.

En 1796, chargé par le Directoire d’aller en Italie recueillir les chefs-d’œuvre des arts, dont le vainqueur voulait enrichir sa patrie, Monge y reçut l’accueil le plus flatteur de Bonaparte, qui plus tard l’emmena en Egypte, et l’en ramena avec lui. Jamais Napoléon dans toute sa gloire ne cessa d’honorer Monge de son amitié. Il força même sa modestie à accepter des titres, tels que celui de comte de Péluse, noblesse qui rappelait du moins des travaux honorables.

La restauration se montra injuste envers un homme qui avait tant contribué aux progrès intellectuels et industriels de la France. Privé de tout emploi, il fut même, par suite d’une épuration, rayé, en 1816, du nombre des membres de l’Institut : un de ses gendres fut exilé. Le chagrin altéra son tempérament, jusqu’alors robuste, et le conduisit au tombeau. Outre sa participation au grand ouvrage de la description de l’Egypte, Monge a laissé un nombre considérable d’écrits et de mémoires.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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