LA FRANCE PITTORESQUE
27 juillet 1674 : l’Electeur Palatin
appelle en duel le maréchal de Turenne
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Publié le vendredi 27 juillet 2012, par Redaction
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Pendant la guerre de 1672, le maréchal de Turenne, ayant passé le Rhin, et battu l’armée des puissances liguées contre la France, cette défaite laissa le Palatinat à la merci des vainqueurs, qui portèrent partout le fer et la flamme, en représailles des cruautés qui avoient été exercées sur quelques-uns de nos soldats qui s’étaient écartés de l’armée.

« L’électeur palatin, dit le président Hénault, outré des malheurs de son pays, qu’il ne devait imputer qu’à son infidélité, envoya un cartel à M. de Turenne. Ce général y répondit avec une modération qui fit honte à l’électeur de cette bravade ; mais en même temps, il ne put s’empêcher de mander au roi : Que ces ravages refroidissaient bien plus ses alliés qu’ils ne les réchauffaient. »

Colini, secrétaire intime, et historiographe du dernier électeur palatin, avait révoqué en doute l’histoire de ce cartel. « On n’a jamais vu, dit-il, la véritable lettre de l’électeur, ni la réponse de M. de Turenne. » Ces deux pièces ont paru en 1782, dans une collection de lettres et mémoires, trouvés dans les portefeuilles du maréchal de Turenne.

L’Electeur Palatin au vicomte de Turenne

Le 27 juillet 1674

L’électeur, après avoir fait la peinture des horreurs exercées dans le Palatinat, continue ainsi :

« Des actes si contraires à l’accroissement que vous prétendez avoir fait en la pratique du christianisme par votre conversion, me font croire que tout cela provient de quelque chagrin ou dépit que vous avez contre moi ; mais il vous eût été facile d’en tirer raison par des voies plus usitées entre des gens d’honneur : je pense que, pendant que vous n’attentez rien que contre des misérables, le roi très chrétien vous permettra bien le loisir de vous satisfaire de vous à moi, par un ressentiment plus généreux que celui dé la ruine de mes pauvres sujets, et que vous ne refuserez pas de m’assigner par ce porteur, » le temps, le lieu et la manière dont nous nous servirons pour nous satisfaire.

« Ce n’est pas d’une humeur de roman, ni pour la vanité de pouvoir recevoir un refus, que je vous fais cette demande, mais par un désir de vengeance que je dois à ma patrie, puisque je ne peux à présent la faire à la tête d’une armée pareille à celle que vous avez, et qu’aucune autre vengeance du ciel sur vous, ne me paraît pas si prête que celle que vous pouvez y recevoir de ma main. Je me promets en cette rencontre, que ce pays, qui a servi autrefois d’asile à feu monsieur votre père, mon grand-oncle, en sa disgrâce, et que vous avez souvent ruiné, sera le témoin de votre repentir, comme il l’a été de votre dureté et de vos excès. »

Le vicomte de Turenne à l’Electeur Palatin

Même jour, 27 juillet 1674

« Monsieur, je peux assurer V. A. E., que le feu qui a été mis dans quelques-uns de ses villages l’a été sans aucun ordre, et que les soldats, qui ont trouvé de leurs camarades tués d’une assez étrange façon, l’ont fait à des heures qu’on n’a pu l’empêcher. Je ne doute pas que V. A. E. ne me continue l’honneur de ses bonnes grâces, n’ayant rien fait qui pût m’en éloigner. »

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