LA FRANCE PITTORESQUE
25 juillet 1593 : Henri IV
fait son abjuration à Saint-Denis
et embrasse la religion catholique
(D’après « Le Catholique, magasin religieux », édition de 1845)
Publié le mercredi 25 juillet 2018, par Redaction
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Cette abjuration porta le dernier coup aux factions de la Ligue et de l’Espagne ; les noms d’hérétiques et de relaps étaient leurs principales armes, que la conversion du roi rendait impuissantes.
 

Voici comme le Journal de l’Etoile rapporte cette conversion de Henri IV, qui contribua autant que ses victoires à lui aplanir le chemin du trône :

« Le dimanche 25 juillet, le roi, sur les huit heures du matin, revêtu d’un pourpoint et chausses de satin blanc, d’un manteau et chapeau noir, assisté de plusieurs princes, grands seigneurs, des officiers de la couronne et autres gentilshommes en grandi nombre, précédé des Suisses de sa garde, des gardes du corps écossais et français, de douze trompettes, est allé à la grande église de Saint Denis : les rues étaient tapissées et jonchées de fleurs, le peuple répétant mille fois : Vive le roi !

Henri IV devient catholique, à Saint-Denis, le 25 juillet 1593. Illustration de Job (Jacques Onfroy de Bréville) parue dans Le Bon Roy Henry de A. Hermant (1900)

Henri IV devient catholique, à Saint-Denis, le 25 juillet 1593. Illustration
de Job (Jacques Onfroy de Bréville) parue dans Le Bon Roy Henry de A. Hermant (1900)

« A l’entrée de l’église, était l’archevêque de Bourges, assis en une chaire couverte de damas blanc, aux armes de France et de Navarre ; le cardinal de Bourbon et plusieurs évêques, et tous les religieux de Saint-Denis qui l’attendaient avec la croix, le livre des Evangiles et l’eau bénite.

« L’archevêque de Bourges lui a demandé quel il était ; le roi lui a répondu : Je suis le roi. — Que y demandez-vous ? — Je demande, dit le roi, à être reçu au giron de l’Eglise catholique, apostolique et romaine. — Le voulez-vous sincèrement ?— Oui, je le veux et je le désire ; et à l’instant le roi s’est mis à genoux, et a fait sa profession en ces termes :

« Je proteste et je jure devant la face du Tout-Puissant, de vivre et mourir en la religion catholique, apostolique et romaine, de la protéger et défendre envers tous, au péril de mon sang et de ma vie, renonçant à toutes hérésies contraires à icelle.

« Laquelle profession, écrite dans un papier, il a donné signée de sa propre main. L’archevêque ayant pris ce papier, lui a donné à baiser son anneau sacré, et puis l’absolution et la bénédiction ; après quoi il a été conduit au chœur de ladite église, par les évêques de Nantes, de Séez, de Digne, de Chartres, du Mans, etc. ; le roi s’est mis à genoux devant l’autel, a réitéré sur les saints Evangiles sa profession et son serment.

« Le roi a été relevé par le cardinal de Bourbon et l’archevêque de Bourges, et conduit à l’autel qu’il a baisé ; puis il a passé derrière ledit autel, où l’archevêque de Bourges, a ouï sa confession, pendant que la musique chantait le Te Deum.

« Après la confession, ledit archevêque l’a conduit sur un oratoire couvert de velours cramoisi brun, semé de fleurs-de-lys d’or, sur lequel il s’est mis à genoux, et a entendu la grand’messe, célébrée par l’évêque de Nantes. Autour du roi se sont placés les susdits princes, évêques et docteur, et messieurs des cours souveraines. A l’Evangile, le cardinal de Bourbon lui a apporté le livre des Evangiles à baiser, et le roi a été très dévotement à l’offrande.

Cérémonie d'abjuration d'Henri IV. Estampe du temps

Cérémonie d’abjuration d’Henri IV. Estampe du temps

« Après la messe, il a fait jeter au peuple des sommes d’argent, et s’est retiré à son logis avec la même cérémonie qu’il était venu, suivi d’un peuple infini, qui a crié : Vive le roi. »

Voltaire a cherché à jeter des nuages sur la sincérité de cette conversion, en citant le trait suivant d’une lettre de Henri IV à Gabrielle d’Estrées : « C’est demain que je fais le saut périlleux. » Mais rapportons un propos que tenait souvent Henri IV depuis sa conversion : « Il y a trois choses qui sont très véritables, et que le monde ne veut pas croire : que l’archiduc est un grand capitaine, que la reine Elisabeth est morte vierge, et que le roi de France est bon catholique. »

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