LA FRANCE PITTORESQUE
Une forêt de menhirs submergés
(Source : Le Télégramme)
Publié le vendredi 20 juillet 2012, par Redaction
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Plus de 230 menhirs ont été retrouvés, ces dernières années, sous la mer, dans une zone comprise entre Saint-Pierre-Quiberon et Carnac (56). Un grand pas pour les scientifiques qui tentent de percer le secret des mégalithes du Morbihan.
 

En 2007, lors d’une marée à très fort coefficient, un couple de touristes qui pêchait à pied avait découvert quatre haches du néolithique près de la plage de Petit-Rohu, à Saint-Pierre-Quiberon. Dans les mois qui avaient suivi, des prospections menées par Serge Cassen, responsable du laboratoire de Préhistoire de l’Université de Nantes, avaient établi la présence de 45menhirs d’1,50m de long, dans le secteur.

Des pierres probablement submergées vers 6 500 ans avant J.-C. Poursuivant ses investigations, l’équipe scientifique avait, en 2009, localisé 150 monolithes à Kerbougnec et vingt autres au Petit-Rohu, dans une zone envahie par la mer qui, il y a des millénaires, se trouvait à plus de 500 m du rivage. Ces repérages, effectués au sonar, en collaboration avec Ifremer et des géologues, avaient été complétés par des plongées sur les sites. Dans des conditions assez difficiles, dues à une visibilité souvent médiocre.

Morbihan. Une forêt de menhirs submergés. Photo Thomas Abiven.

Morbihan. Une forêt de menhirs submergés. Photo Thomas Abiven.

Le prolongement d’un grand site
« Nous sommes persuadés qu’il s’agit du prolongement sous-marin du grand site néolithique du Moulin, à Saint-Pierre-Quiberon », explique Serge Cassen. Selon le scientifique, il ne fait aucun doute que ces pierres monumentales « très ordonnées et disposées dans des endroits stratégiques » ne présentent pas de similitudes avec le substrat minéral sur lequel elles reposent. Autres indices prouvant qu’elles ont été déplacées : des vasques d’érosion ont été détectées. Marques indiscutables prouvant qu’elles étaient autrefois au contact de l’air et des précipitations.

« Un écran minéral »
Sous l’eau, ces éléments ne forment pas une haie monumentale de pierres érigées. Car elles se sont couchées sous l’action du sable et des sédiments. « Seul un menhir est encore debout », poursuit l’archéologue du CNRS. Ces menhirs submergés devraient permettre, dans les années à venir, d’établir plus finement l’interprétation des sites mégalithiques qui gardent encore jalousement nombre de leurs secrets. Mais d’ores et déjà, Serge Cassen avance l’hypothèse que les alignements sur lesquels il a travaillé formaient des barres de stèles. « Pas des files de menhirs entre lesquelles on déambule mais un écran minéral qui barre, qui empêche ou qui filtre le mouvement. Cette mobilité est celle du déplacement des hommes, des esprits de la Surnature ou des objets virtuels », écrit-il dans une publication parue il y a deux ans.

De nouvelles prospections
Dans les mois à venir, un nouveau programme de prospection sera lancé pour établir une cartographie plus complète et plus fine des monolithes. « Dans le secteur de Kerpenhir, nous avons retrouvé une soixantaine de menhirs. Nous sommes persuadés qu’il en existe beaucoup plus. En tout cas, si on se limite à Carnac, on fait abstraction de 80% des mégalithes de la région.

Le phénomène est extrêmement étendu. De la ria d’Étel à la presqu’île de Rhuys, une vingtaine de sites ont été inventoriés à terre et en mer ». C’est en les analysant dans leur globalité que l’on trouvera la clé du secret des alignements. Serge Cassen mise aussi beaucoup sur la technique du laser 3D, qu’il a utilisée sur le grand cairn de Gavrinis. Elle permettrait de numériser l’image des mégalithes et de mettre en lumière des informations invisibles, jusqu’alors, à l’œil nu.

Didier Déniel
Le Télégramme
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