LA FRANCE PITTORESQUE
17 juillet 1770 : mort du financier
Jospeh Pâris dit Duverney
()
Publié le dimanche 15 juillet 2012, par Redaction
Imprimer cet article

Quatre frères exercèrent en même temps une grande influence sur l’administration des finances françaises. Ils avaient vu le jour à Moras, dans le Dauphiné, où leur père tenait une petite auberge, à l’enseigne de la Montagne, dont le second garda le nom : Joseph était le troisième.

Des services rendus au munitionnaire de l’armée d’Italie, le Dauphiné sauvé de la famine, les signalèrent, non pas à la reconnaissance, mais, ce qu’on aurait peine à croire, à l’animadversion publique. Accusés de monopole, ils se réfugièrent à Paris. Là, plusieurs emplois leur furent confiés ; leur probité, leurs talents s’y montrèrent avec une telle évidence, que le fameux Samuel Bernard n’hésita pas à leur prêter quatre millions.

En 1708, Pâris l’aîné fut nommé trésorier des troupes ; bientôt après il eut une charge de receveur général des finances, et procura de l’avancement à tous ses frères. Sous la régence, les frères Paris se chargèrent du bail des fermes, dont ils augmentèrent le produit de plusieurs millions dès la première année. Des plans bien conçus, et surtout l’opération des visa, qui, écartant tous les titres falsifiés ou usuraires, diminua la dette de l’Etat de trois cent trente-sept millions, semblaient avoir assuré leur fortune.

Tout à coup l’Ecossais Law vient éblouir le Régent de ses projets chimériques : Joseph croit devoir éclairer le prince ; il est exilé, lui et ses frères. Ce n’est qu’après la chute du système que justice leur est rendue. Joseph conseille d’appliquer le visa aux papiers du système, quant à leur valeur fictive, dont l’Etat ne pouvait être garant, et lui-même exécute son idée avec un talent prodigieux. Quand la peste se déclare à Marseille (mai 1720), les frères Pâris fournissent de leur propre caisse les fonds nécessaires pour les médicaments et les vivres qu’on expédie en Provence : des lettres de noblesse, et la création de quatre charges d’intendant, récompensent ces hommes habiles et généreux.

Après la mort du Régent, Joseph continue de jouir du même crédit auprès du duc de Bourbon ; mais, impliqué dans sa disgrâce, il est encore exilé, jeté à la Bastille, d’où il ne sort qu’en 1728. Réintégré deux ans après, dans la familiarité du ministère, il fit adopter, en 1751, le projet de l’Ecole militaire, et en fut nommé le premier intendant, avec le titre de conseiller d’Etat. Prenant part à toutes les grandes entreprises de commerce, il aidait de ses conseils tous les négociants qui lui en paraissaient dignes. Un procès fameux entre son légataire universel, le comte de La Blache, et Beaumarchais, a révélé de quel secours le financier avait dû être à l’auteur comique.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE