LA FRANCE PITTORESQUE
15 juillet 1765 : mort du peintre Carle Vanloo
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Publié le samedi 14 juillet 2012, par Redaction
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Issu d’une tige féconde en peintres distingués, Carie Vanloo en fut, sinon le dernier, au moins le plus célèbre. Son grand-père, son père et son frère aîné lui avaient donne l’exemple : les deux premiers étaient nés en Hollande, le troisième à Aix-en-Provence : Carle vit le jour à Nice. Entraîné par la fougue de son caractère, et par l’amour du plaisir, il ne vit d’abord dans ses dispositions naissantes qu’un moyen de gagner de l’argent ; il déserta l’atelier de son frère pour peindre des décorations de spectacle ou dessiner de petits portraits. Rappelé à des goûts plus sages et à des travaux plus glorieux, il vint en France, puis retourna à Rome, où il avait fait ses premières études.

Pendant son séjour en Italie, il épousa la fille du musicien Sommis. Quand plus tard il revint à Paris, sa femme, belle, spirituelle, et douée d’un grand talent comme cantatrice, y révéla, pour ainsi dire, les charmes de la musique italienne. En 1735, Carle Vanloo, dont la maison était devenue le rendez-vous des artistes et des amateurs, tant musiciens que peintres, se présenta à l’Académie de peinture, et son tableau de réception fut celui d’Apollon qui écorche le satyre Marsyas. Parmi ses tableaux de cabinet, les plus remarquables sont une Résurrection, une allégorie des Parques, un Concert d’instruments ; parmi ses tableaux publics, on distingue saint Charles Borromée communiant les pestiférés, et la Prédication de saint Augustin. Carle Vanloo peignait aussi le portrait avec un succès rare : on peut en juger par celui de Louis XV, exposé au salon de 1763.

Travaillant avec une facilité, dont il abusait sans cesse, il déchirait souvent ses tableaux pour leur en substituer d’autres, qui ne valaient pas mieux. C’est à peine s’il savait lire et écrire. Dénué de toute instruction, il ne dédaignait pas les conseils de ses élèves, « dont, s’il faut en croire Diderot, il payait quelquefois la sincérité d’un coup de pied ou d’un soufflet ; mais le moment d’après, et l’incartade de l’artiste et le défaut de l’ouvrage étaient réparés. » De son vivant, Carle Vanloo fut comparé à Raphaël pour le dessin, au Corrège pour le pinceau, au Titien pour la couleur. Ces éloges exagérés ne prouvent que la valeur relative de celui qui les obtenait.

Supérieur à tous les peintres de son époque, Carle Vanloo remplaçait la manière et l’affectation des Coypel et des de Troy par un style naturel et facile, plutôt noble que grand, plutôt gracieux que beau. En l’absence du génie, il n’est pas étonnant que le talent soit pris pour lui. Carle mourut d’un coup de sang : après sa mort, deux de ses neveux prolongèrent une illustration de famille, qui comptait déjà quatre générations.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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