LA FRANCE PITTORESQUE
8 juillet 1621 : naissance du poète
Jean de La Fontaine à Château-Thierry (Aisne)
()
Publié le dimanche 8 juillet 2012, par Redaction
Imprimer cet article

Il naquit le 8 juillet 1621, à Château-Thierry, où son père était maître des eaux et forêts. Son éducation, confiée d’abord à de simples maîtres de village, ne lui inspira que le plus grand mépris pour les pédants, et ne fit pas soupçonner son génie.

Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine

On croit généralement qu’il acheva ses études à Reims, et on a lieu de penser qu’il s’y livra autant au plaisir qu’à l’étude. Ne sachant alors qu’un peu de latin, sa paresse et son insouciance naturelle le laissaient indécis sur le choix d’une carrière, lorsqu’un de ses parents le fit entrer chez les oratoriens, le 27 avril 1641. Au bout d’un an, par suite de cette inconstance, et de ce goût décidé pour l’indépendance dont il donna tant de preuves dans le cours de sa vie, il quitta l’Oratoire, et bientôt il acquit une célébrité de petite ville par ses distractions et ses galanteries.

Vers ce temps, son père le maria, et lui transmit sa charge ; mais bientôt, ennuyé des soins du ménage et des fonctions administratives, la Fontaine abandonna sa femme et se démit de ses fonctions. Il ignorait à vingt-deux ans qu’il était poète : L’ode de Malherbe, Que direz-vous, races futures, etc., lui révéla son génie, et il étudia les poètes contemporains, en commençant par celui qui avait excité en lui un si vif enthousiasme. Puis il lut les anciens, se passionna pour leurs œuvres, et finit par abandonner Voiture, qu’il avait admiré et, qui, ainsi qu’il le dit lui-même, avait failli le gâter.

Il aimait surtout l’Arioste et Boccace, auxquels il emprunta, tout en les perfectionnant, plusieurs de ses Contes : il fit jouer en 1654, l’Eunuque, imité de Térence. Ce début ne fut pas heureux ; la pièce était froide, et n’eut point de succès. Aussi l’auteur ne la comptait pour rien, et dans des vers faits à une époque postérieure , il s’écrie : « Hélas ! pour moi, qui n’ai rien fait encore ! »

Mais, bientôt il put faire quelque chose ; il fut présenté à Fouquet, et le surintendant des finances lui assura une pension qui devait être acquittée par des vers. Ce fut alors qu’il commença à publier ses Fables, en 1668, Quoique les sujets soient empruntés pour la plupart à des auteurs anciens, elles n’en sont pas moins, par le charme des détails, la naïveté et quelquefois le sublime, l’ouvrage le plus original de toute la littérature française : aussi chacun les sait par cœur. En 1664 il avait débuté par ses Contes, où la décence et la morale sont souvent offensées. En 1669, il dédia à Madame la duchesse de Bouillon, sa protectrice, son roman de Psyché et le poème d’Adonis.

La Fontaine avait d’excellentes qualités, et surtout un bon cœur ; l’arrestation de Fouquet lui inspira cette élégie célèbre, les Nymphes de Vaux, œuvre à la fois de reconnaissance et de courage. Il s’exposa par là à la disgrâce du grand roi et à la haine de Colbert. Notre poète avait pour amis Racine, Boileau et Molière, et de ces illustres contemporains le dernier est le seul qui ait su le bien connaître et l’apprécier. Le législateur de notre Parnasse lui-même, embarrassé qu’il était de porter un jugement sur les fables du bonhomme, trouva plus simple de ne pas parler de l’apologue dans l’Art poétique.

Notre fabuliste trouva un asile chez Madame de la Sablière. Cette amie dévouée sut le soustraire pendant vingt ans à tous les tracas de la vie : une telle amitié unit à jamais le souvenir de la bienfaitrice à celui du poète. L,a Fontaine, après bien des difficultés, fut enfin reçu à l’Académie le 2 mai 1684, en remplacement de Colbert, son persécuteur, dont le fauteuil était resté vacant depuis le 6 septembre, par suite du refus de Louis XIV de donner son agrément à la nouvelle nomination.

A la fin de 1692, le fabuliste tomba dangereusement malade, et le 12 février 1693 il reçut le viatique, après avoir exprimé son repentir d’avoir composé ses Contes, et son intention de ne plus faire que des ouvrages de piété. Quand sa santé se rétablit, Madame de la Sablière était morte ; il fallait quitter sa maison : le poète en sort pour n’y plus rentrer, et rencontre d’Hervart, qui lui dit : « Mon cher la Fontaine, je vous cherchais pour vous prier de venir loger chez moi. — J’y allais », répondit la Fontaine. Le dernier écrit de la Fontaine est du 10 février 1695 : il annonça à Maucroix qu’il n’avait plus à compter sur quinze jours de vie ; il mourut peu de temps après, le 13 avril, âgé de près de soixante-quatorze ans.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE