LA FRANCE PITTORESQUE
6 juillet 1535 : Henri VIII, roi d’Angleterre,
fait décapiter Thomas Morus (More)
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Publié le vendredi 6 juillet 2012, par Redaction
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Lorsque Henri VIII, entraîné par sa passion pour Anne de Boulen, eut rompu tous les liens qui unissaient l’Angleterre au Saint-Siège, il obligea tous ses sujets à lui prêter un nouveau serment, qu’on appela le serment de suprématie. Le célèbre Morus, qui avait été grand-chancelier, refusa de prêter ce serment, c’est-à-dire, de reconnaître Henri VIII pour le pape de l’Angleterre ; le roi, qui n’ignorait pas combien la résistance de Morus allait décréditer sa nouvelle religion, mit tout en œuvre pour le gagner ; les promesses et les menaces furent également inutiles. Les amis de Morus lui représentant qu’il ne devait pas être d’une autre opinion que le grand conseil d’Angleterre : « J’ai pour moi toute l’Eglise, répondit-il, et le grand-conseil des chrétiens. » Sa femme le conjurait d’obéir au roi, et de se conserver pour elle et pour ses enfants ; il avait alors soixante-deux ans, « Combien d’années, lui dit-il, croyez-vous que je puisse vivre encore ? » « Plus de vingt ans, répondit-elle. » « Et c’est contre vingt ans de vie, reprit Morus, que j’échangerais l’éternité ! »

Marguerite Morus, sa fille, digne d’un tel père, lui écrivit pour lui persuader d’obéir au roi ; mais elle avait espéré que sa lettre serait interceptée ; ce qui arriva, et en conséquence, on lui accorda la permission qu’elle sollicitait, d’aller consoler et servir son père dans sa prison ; alors elle l’affermit dans sa courageuse résistance, lui promit de suivre son exemple, s’il en était besoin, et d’être fidèle à sa religion, au péril de sa vie. Après la mort de son père, elle racheta sa tête de l’exécuteur, et chercha sa consolation dans la foi dont il était mort le martyr, et dans les lettres qu’il avait cultivées avec gloire.

On a de Thomas Morus un dialogue, intitulé : Quod mors pro fide fugienda non sit. Ce principe régla sa conduite ; on a encore de lui une Vie de Richard III et d’Edouard V ; mais c’est surtout son Utopie, qui mérite d’être distinguée. Ce roman politique, souvent comparé à la République de Platon, peut être regardé comme un ouvrage de génie, surtout si l’on considère le temps où il a paru ; la plupart des idées philosophiques et politiques auxquelles on a su donner dans la suite plus d’éclat, se trouvent dans ce livre.

Thomas Morus (suivant l’historien Hume), indépendamment de ses connaissances étendues dans la littérature, réunissait la vertu la plus sublime et l’intégrité la plus pure au génie le plus vaste.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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