LA FRANCE PITTORESQUE
27 juin 1794 : exécution de Linguet,
avocat et littérateur français
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Publié le vendredi 29 juin 2012, par Redaction
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La littérature prépara cet homme célèbre aux succès du barreau, et ne perdit jamais ses droits sur un talent formé par elle. Né à Reims, en 1736, Linguet, comme il le disait lui-même, avait vu le jour sous les auspices d’une lettre de cachet, dont son père, ex-professeur au collège de Beauvais, avait été frappé pour cause de jansénisme. Les palmes classiques se pressèrent sur le front du jeune homme et lui assurèrent des protecteurs puissants.

Après avoir suivi le duc des Deux-Ponts en Pologne, Linguet suivit en Espagne le prince de Beauvau. De retour à Paris, il avait vingt-huit ans, et pas d’état, si ce n’est celui d’homme de lettres ; pour se conformer au vœu de sa famille, il y joignit la profession d’avocat. Par une exception rare à ces vocations de commande, il parut avec éclat dans une carrière qu’il avait acceptée plutôt que choisie. La défense du duc d’Aiguillon, celle du comte de Morangiés le placèrent au premier rang des avocats de l’époque ; mais le caractère vif, impétueux, l’esprit fécond en sarcasmes et en saillies, qui l’avaient déjà mis en guerre ouverte avec l’Académie et les philosophes, ne tardèrent pas à le brouiller avec le barreau.

Les Réflexions pour la comtesse de Béthune, où Gerbier et quelques-uns de ses confrères étaient traités sans ménagements. provoquèrent l’arrêt par lequel Linguet fut rayé du tableau des avocats ; alors il commença un journal politique et littéraire, que de Maurepas supprima. Craignant pour sa liberté, il passa en Suisse, en Hollande, en Angleterre. Autorisé à revenir à Paris, il se fit mettre à la Bastille, et y resta plus de deux ans. L’empereur Joseph II l’ayant appelé à Vienne, il ne conserva pas longtemps sa faveur.

En 1791, il se présenta à la barre de l’Assemblée constituante pour y défendre les droits de l’assemblée coloniale de Saint-Domingue. Pendant le règne de la Terreur, on alla le chercher au fond d’une retraite où il s’était caché, et on le jeta dans une prison. Mis en jugement à sa propre sollicitation, il fut condamné à mort pour avoir encensé les despotes de Vienne et de Londres ; il subit son sort avec courage.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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