LA FRANCE PITTORESQUE
27 juin 1743 : bataille de Dettingen
()
Publié le vendredi 29 juin 2012, par Redaction
Imprimer cet article

La France n’essuyait que des revers dans cette guerre injuste, où elle avait épousé les prétentions de l’empereur Charles VII contre les droits de Marie-Thérèse ; l’année précédente s’était terminée par la retraite de Prague, célébrée si mal à propos : la bataille de Dettingen aggrava de longs malheurs, par une de ces imprudences dont l’exemple s’est reproduit plusieurs fois dans nos annales.

Le roi d’Angleterre, George II, s’était avancé jusque sur les bords du Mein, et n’attendait que sa jonction avec le prince Charles pour inonder l’Alsace et la Lorraine. : parvenu à Aschaffembourg, malgré lord Stairs, général de son armée, il commençait à s’en repentir, en voyant ses soldats bloqués et affamés par le maréchal de Noailles. Ce dernier avait pris ses mesures pour couper à l’ennemi toute retraite. Maître du cours du Mein, il y avait établi deux ponts : il s’empara d’Aschaffembourg aussitôt que le roi George l’eut abandonné, fit passer la rivière à cinq brigades d’infanterie, sous les ordres du duc de Grammont, son neveu, et les posta dans le village de Dettingen.

En se retirant, les alliés étaient forcés de passer dans l’étroit défilé que forme ce village, dominé par des collines escarpées. Noailles avait élevé sur la rive du Mein six batteries qui devaient foudroyer les Anglais dans leur marelle. Le reste de l’infanterie et toute la cavalerie française, répandue dans la plaine de Dettingen, et adossée à un bois, devaient attaquer de front les Anglais et leur fermer l’accès des montagnes. L’impatience ou la méprise du duc de Grammont, qui crut que l’avant-garde ennemie était passée, et qui attaqua trop tôt, rendit vaines ces sages dispositions, et changea un succès infaillible en une sanglante défaite.

La lutte dura trois heures : mais elle était trop inégale ; le courage seul avait à combattre la valeur, le nombre et la discipline. Enfin le maréchal de Noailles fit sonner la retraite : la maison du roi se replia pour la couvrir. Le duc de Chartres, le comte de Clermont, le duc de Penthièvre, les princes de Dombes, le comte d’Eu, avaient vaillamment combattu à la tête de ce corps. Les deux derniers avaient été blessés, ainsi que le duc d’Ayen, d’Harcourt et de Boufflers. Le duc de Rochechouart, les marquis de Fleury et de Sabran étaient au nombre des morts.

« Parmi les singularités de cette journée, dit Voltaire, on ne doit pas omettre la mort d’un comte de Boufflers de la branche de Rémiancourt. C’était un enfant de dix ans et demi : un coup de canon lui cassa la jambe ; il reçut le coup, se vit couper la jambe, et mourut avec un égal sang-froid. Tant de jeunesse et tant de courage attendrirent ceux qui furent témoins de son malheur. » Du reste, la perte fut à peu près égale dans les deux armées ; on l’estimait de part et d’autre à deux mille cinq cents hommes. Le roi d’Angleterre dîna sur le champ de bataille ; mais il le quitta pendant la nuit pour se rapprocher de ses magasins. Lord Stairs écrivit au maréchal de Noailles pour lui recommander six cents blessés, honteusement abandonnés dans le lieu même où les Anglais se vantaient d’avoir remporté une victoire signalée.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE