26 juin 1788 : mort de Vogel, compositeur allemand

La carrière de cet artiste, dont l’immortalité repose sur un titre unique, commença trop tard et finit trop tôt. Né à Nuremberg, en 1756, il étudia l’art musical dans les ouvrages de Hasse et de Graun. Vers 1776, il vint à Paris : c’était l’époque où Gluck jouissait de la gloire d’avoir régénéré la scène lyrique. Le génie de Vogel s’enflamma aux reflets de celui de son compatriote. Après avoir formé son talent par l’étude, il lui restait une grande difficulté, celle de le faire connaître.

Longtemps le théâtre sembla se refuser à ses débuts : enfin, au bout d’une attente, ou plutôt d’une lutte de dix ans, il parvint à faire jouer l’opéra de la Toison d’or, qui lui valut d’honorables suffrages, et notamment ceux de Gluck lui-même. Ce grand homme appelait Vogel son fils aîné, titre justifié par le caractère d’une imitation, qui s’élevait parfois jusqu’à la rivalité. L’opéra de Démophon devait succéder à celui de la Toison d’or : l’ouverture, vrai chef-d’œuvre musical, avait été exécutée deux fois au Concert olympique, et cet échantillon redoublait l’impatience qu’on éprouvait d’entendre le reste de l’ouvrage.

Mais Vogel, qui se déshonorait par des excès, trop familiers jadis à sa nation et à son art, mourut tout à coup, à l’âge de trente-deux ans. Démophon, joué après sa mort, le 22 septembre 1789, obtint vingt-quatre représentations : bien que la partition offrît de grandes beautés, l’ouverture est seule restée, comme type d’expression sublime et pathétique. On notera le reflet extraordinaire qu’elle produisit dans deux circonstances solennelles, à la cérémonie funèbre des officiers tués à Nancy (1791), et à celle du maréchal Lannes (1810), où elle fut exécutée par un nombre considérable d’instruments à vent, et avec toute la pompe militaire.