LA FRANCE PITTORESQUE
29 juin 1525 : l’avocat de François Ier
défend des rats menacés d’excommunication
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Publié le jeudi 29 juin 2023, par Redaction
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La coutume d’excommunier les rats se traitait dans les règles : elle passait d’abord par-devant les juges civils ; deux avocats plaidaient, l’un pour et l’autre contre les rats. Ensuite, sur la sentence des juges séculiers, ceux d’Église faisaient droit.

Barthélemy de Chasseneuz, mort premier président du parlement de Provence et jurisconsulte connu par ses commentaires sur la coutume de Bourgogne et par d’autres ouvrages, ne crut pas les rats indignes de son éloquence et de son érudition. En 1525, les rats accusés et convaincus d’avoir fait beaucoup de dégâts aux environs d’Autun, furent excommuniés par l’évêque. Chasseneuz, qui était alors avocat du roi François Ierdans cette ville, prit leur défense, et fit en leur faveur un fort beau plaidoyer, au moins autant qu’on peut le présumer ; car malheureusement il n’est point dans ses ouvrages.

Barthélemy de Chasseneuz. Gravure extraite des albums du roi Louis-Philippe constitués dans la première moitié du XIXe siècle
Barthélemy de Chasseneuz. Gravure extraite des albums du roi Louis-Philippe
constitués dans la première moitié du XIXe siècle

Le président de Thou en parle comme d’une pièce qui a subsisté, mais qu’il n’a pas vue, et semble ne la citer qu’après Chasseneuz lui-même, qui en parle dans son traité de la coutume de Bourgogne. Comme on l’a perdue, les historiens ont raisonné selon qu’il leur a plu, et disent que « monsieur de Chasseneuz (...) étant à Autun dans un temps que quelques villages de l’Auxois demandaient qu’il plût aux juges d’église d’excommunier les rats qui désolaient le pays, il avait pris la défense de ces animaux, et remontré que le terme qui leur avait été donné pour comparaître, était trop court, d’autant plus qu’il y avait pour eux du danger à se mettre en chemin, tous les chats des villages voisins étant aux aguets pour les arrêter en passant : sur quoi, Chasseneuz avait obtenu qu’ils seraient cités de nouveau, avec un plus long délai pour y répondre. »

Déjà, en 1516, les chenilles et les mulots de la région de Troyes avaient été excommuniés, cependant, parmi les animaux nuisibles, les rats ont toujours été ceux contre lesquels la répulsion était la plus grande. Ils étaient considérés comme des ennemis redoutables, et l’on pensait que les puces qu’ils transportaient contenaient les germes de la peste.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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