LA FRANCE PITTORESQUE
25 juin 1669 : mort du duc
de Beaufort (François de Vendôme)
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Publié le jeudi 28 juin 2012, par Redaction
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Fils de ce César, duc de Vendôme, dont le bon Henri avait accepté si généreusement la paternité, le duc de Beaufort naquit à Paris en 1616, et se distingua de bonne heure dans plusieurs sièges ou batailles. On suppose qu’il avait rendu quelque service important à la reine Anne d’Autriche, car, après la mort de Richelieu, elle dit publiquement en parlant de lui : « Voilà le plus honnête homme de France ! » La veille de la mort de Louis XIII, elle lui confia ses fils en présence de toute la cour, et ordonna aux troupes de lui obéir comme à elle-même. « Le roi mourut en 1643, dit le cardinal de Retz dans ses Mémoires. M. de Beaufort, qui était en tout temps à la reine, et qui en faisait même le galant, se mit en tête de gouverner, ce dont il était moins capable que son valet de chambre. »

Quand il vit que la reine avait donné sa confiance à Mazarin, alors il ne garda plus aucune mesure. « Pour soutenir ce qu’il faisait contre la régente, contre le ministre et contre tous les princes du sang, il forma, dit encore le cardinal, une cabale de gens qui sont tous morts fous, mais qui dès ce temps-là ne me paraissaient guère sages. » Cette ridicule faction reçut le nom de Cabale des Importants, et valut au duc de Beaufort un emprisonnement à Vincennes, d’où il s’échappa en 1649, après y avoir passé six ans. A cette époque, la Fronde commençait, et le duc de Beaufort se joignit au prince de Conti, aux ducs de Longueville, d’Elbeuf, de Bouillon, et au fameux coadjuteur, qui, dans la galerie des portraits des chefs de cette guerre, traçait ainsi celui de notre héros :

« M. de Beaufort n’en était pas jusqu’à l’idée des grandes affaires ; il n’en avait que l’intention. Il en avait ouï parler aux Importants, et il avait un peu retenu de leur jargon ; et cela, mêlé avec les expressions qu’il avait très fidèlement tirées de madame de Vendôme, formait une langue qui aurait déparé le bon sens de Caton. Le sien était court et lourd, et d’autant plus qu’il était obscurci par la présomption. Il se croyait habile, et c’est ce qui le faisait paraître artificieux, parce que l’on reconnaissait qu’il n’avait pas assez d’esprit pour cette fin. Il était brave de sa personne et plus qu’il n’appartenait à un fanfaron ; il l’était en tout sans exception, et jamais plus faussement qu’en galanterie. Il parlait, il pensait comme le peuple, dont il fut l’idole quelque temps. »

Pour achever en peu de mots l’histoire du roi des halles, il suffit de dire qu’en 1652, faisant la guerre civile sous le prince de Condé, et ne pouvant s’accorder avec son beau-frère, le duc de Nemours, il l’appela en duel, et le tua d’un coup de pistolet. Depuis l’année 1653, le duc de Beaufort ne fut plus qu’un sujet soumis. On le chargea de quelques expéditions navales contre les corsaires de Gigéri, les Algériens et les Anglais. En 1669, il obtint la permission de porter du secours aux Vénitiens, assiégés depuis vingt-quatre ans par les Ottomans dans l’île de Candie : il y fut tué dans une sortie, après s’être signalé par des prodiges de valeur.

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