LA FRANCE PITTORESQUE
Pierre qui roule
n’amasse pas mousse
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Publié le vendredi 20 octobre 2023, par Redaction
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La persévérance et la stabilité sont des éléments de conservation, tandis que l’agitation et l’inconstance ruinent et déconsidèrent les individus comme les nations
 

Ce proverbe signifie qu’un homme qui change souvent de profession parvient rarement à la fortune, de même une nation s’affaiblit par elle-même en changeant trop souvent de gouvernement. La longue pratique d’un métier ou d’une profession est une condition et une garantie de succès.

Les individus inconstants qui quittent une occupation pour courir bientôt après une autre, non seulement n’acquièrent aucune expérience, mais encore perdent peu à peu la faculté d’appliquer leur esprit à n’importe quel travail.

Au XVIe siècle, on disait : Pierre souvent remuée de la mousse n’est vellée (revêtue). Ce vieux proverbe est la traduction littérale d’un dicton grec employé d’abord par l’auteur Lucien et passé depuis dans la langue latine : Saxum volutum non obducitur musco, ce qui signifie : La pierre roulée ne se recouvre pas de mousse. Nous trouvons dans la même langue un proverbe analogue : Saepius plantata arbor fructum profert exiguum, ce qui se traduit ainsi : Arbre transplanté souvent n’a jamais fruit abondant.

Pierre qui roule n'amasse pas mousse
Pierre qui roule n’amasse pas mousse. © Crédit illustration : Araghorn

Un poète latin, appelé Martial, a exprimé la même pensée dans les mots suivants : Quisquis ubique habitat... nusquam habitat, dont voici la traduction : Celui qui habite partout n’habite nulle part. Gresset, poète français du XVIIIe siècle, a composé sur ce sujet ce joli quatrain :

Dans maint auteur de science profonde
J’ai lu qu’on perd trop à courir le monde :
Très rarement en devient-on meilleur.
Un sort errant ne conduit qu’à l’erreur.

Comme conclusion de ce qui a été dit précédemment, on peut émettre cette idée que l’on ne s’enrichit guère à courir le monde. Et on peut même ajouter pour l’intelligence de ce proverbe que la pierre, nue de sa nature, gagne en se garnissant de mousse, parce que celle-ci devient pour elle comme un vêtement ou une parure. Les Italiens ont un autre proverbe qui présente le même sens, le voici : « Albero spesso traspiantato mai di frutti e caricalo. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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