LA FRANCE PITTORESQUE
Energies nouvelles sacrifiées sur
l’autel de lobbies cyniques
(Éditorial du 11 décembre 2009 paru dans le N° 33 de
La France pittoresque - janvier/février/mars 2010)
Publié le lundi 5 décembre 2011, par Redaction
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« Gouverner, c’est prévoir », soutenait au XIXe siècle Emile de Girardin. Au lendemain de la première Guerre mondiale, l’écrivain et médecin Octave Béliard pose dans Lectures pour tous la question selon lui pressante de l’épuisement des réserves de charbon d’un monde énergivore : « toute notre industrie s’alimente sur des magasins très limités et dont le stock ne sera pas renouvelé. Nous vidons en ce moment les caves de la Terre (...). En moins de cent cinquante ans, nous avons déjà consumé la plus grande partie d’une provision de millions d’années ; on entrevoit la fin des houillères. Quant au pétrole, dont l’utilisation industrielle est bien plus récente, il n’y faut pas compter pour l’avenir : le Federal Oil Conservation Board estime que les puits américains seront vides dans six ans ! »

N° 33 de La France pittoresque (janvier/février/mars 2010)

N° 33 de La France pittoresque
(janvier/février/mars 2010)

Au problème crucial de l’humanité se résumant déjà à « chercher d’autres sources d’énergie ou se résigner à mourir », il entr’aperçoit la solution providentielle et viable de production d’une énergie gratuite, renouvelable et propre. Suggérée par Jules Verne en 1869 dans son Vingt mille lieues sous les mers et modélisée par Jacques-Arsène d’Arsonval en 1881, elle venait d’être communiquée à l’Académie des sciences le 15 novembre 1927 après de fructueux essais, par Georges Claude, élève, ami de ce dernier et cofondateur d’Air Liquide, qui s’appuyait sur une simple application des principes de la thermodynamique : « extraire de l’énergie de la mer en quantité illimitée, en tirant parti des différences des températures entre l’eau superficielle et l’eau profonde » ; une technique qui acquiert ses lettres de noblesse avec la réalisation en 1930 d’un premier prototype de turbine, puis la création en France, au milieu du XXe siècle, de l’Energie des mers, société dévolue à son expansion.

En dépit, cependant, de probants résultats et de chocs pétroliers successifs augurant une ample crise énergétique, les choix politiques consistent, des décennies durant, à délaisser au profit de combustibles fossile et nucléaire inadaptés au développement durable, une ressource prometteuse et non polluante capable d’assouvir plusieurs fois la voracité de la planète : faut-il voir dans cette façon de gouverner le cynique dessein de préserver les intérêts financiers de certains pourvoyeurs d’énergie, doublé du pouvoir d’exiger des sacrifices économiques d’un peuple dont on échauffe opportunément la conscience écologique ?...

Valéry VIGAN
Directeur de la publication
La France pittoresque

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